Billy Cobham : leçon de batterie au New Morning

Avec une petite demi-heure de retard, le jeune batteur de 68 ans entre en scène. Sans jouer la diva, il rejoint sa batterie tandis que ses musiciens enfilent leurs instruments. Cobham teste un fût, puis un autre. Un coup de pédale dans chacune de ses deux grosses caisses et le silence se fait dans le New Morning. Les baguettes sont levées et doigts et médiators sont prêts à attaquer cordes et claviers. Alors, sans crier gare, la batterie lance un groove et le groupe entame le premier morceau. Cobham n’a pas pris une ride. Il en met partout et c’est tant mieux. Le public semble adorer ça et le New Morning à du mal à retenir ses cris.

Un morceau s’enchaine, puis un autre, et Cobham se lève. Il sort de derrière sa batterie et rejoins le devant de la scène pour parler avec son public et rappeler qu’en plus d’être doué, le mec est sympa. Mais d’ailleurs, on papote, on papote et on ne s’est même pas présentés !

Qui êtes-vous monsieur Cobham ?

Dans les années 1970, Billy Cobham compte parmi les précurseurs du Jazz fusion. Ce genre qui combine, jazz, rock, groove et multiples influences qui permettent au jazz de s’ouvrir aux expérimentations propres à la période. Ainsi il joue avec les frères Mickael et Randy Brecker dans le groupe Dreams, croise la route de Miles Davis et de son "Tribute To Jack Johnson". Mais il est surtout connu pour sa participation au Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin de 1971 à 1973. Sur sa lancée jazz rock, Cobham sort son premier album solo, "Spectrum" en 1973. Suivront "Crosswind" en 1974, "Funky Thide of Sings" en 1975, "Stratus" en 1981 et beaucoup d’autres. Il n’a pas arrêté de produire jusqu’à nos jours. En parallèle, le batteur enchaine également les apparitions et les featuring, avec George Duke notamment (The Billy Cobham & George Duke Band - "Live tour in Europe" - 1975). Un période pendant laquelle il est aussi très actif pour le label CTI. On le trouve par exemple accroché aux baguettes sur des disques de George Benson, Ron carter, Don Sebeski ou encore Grover Washington Jr.

Le son Cobham !

Cette énumération est loin d’être exhaustive car le son groovy du batteur a séduit bien d’autres musiciens renommés. En effet, sa façon d’allier double grosse caisse et caisse claire ainsi que l’accordage particulier de ses fûts rendent le son Cobham unique. Un son auquel viennent s’ajouter une technique musicale et une vélocité, parfois un peu démonstratives, mais tellement impressionnantes. Notons que si cet excès de zèle peut être très légèrement agaçant sur un album, il n’en est rien en live.

Trois caractéristiques cobhamistiques...

Pour ce concert parisien, Billy Cobham s’est présenté avec une formation réduite : Christophe Cravero aux claviers et au violon, Jean-Marie Ecay à la guitare et Philippe Chayeb à la Basse. Accordons une mention spéciale au bassiste dont la présence et le jeu agressif, tout en slap, répondait idéalement aux explosions techniques du batteur star. Le clavier violoniste, moins démonstratif que ses collègues à cordes électriques, était tout aussi doué et peut-être même un peu plus fin dans son jeu. Car Billy Cobham n’a pas tiré toute la couverture sur ses peaux et chaque musicien disposait d’un espace confortable pour exhiber ses talents.

En deux sets, Billy Cobham et ses acolytes ont convaincu. Qu’il s’agisse des vieux classiques des années 1970 ou de titres plus récents, chaque morceau réunissait les trois caractéristiques cobhamistiques : groove intense, complexité technique et exécution parfaite.