Un esprit torturé, un visage tortueux et une silhouette longiligne. Gil Scott-Heron semble porter toute la conscience du monde sur ses prestigieuses épaules. Né en 1949 à Chicago d’une bibliothécaire et d’un père footballeur, l’homme est toujours ici et là, du haut de ses 60 ans, surnommé « le sage », « le vautour » ou « le messager »… Et depuis ses débuts, il reste le même penseur, désabusé face à la bêtise de ses contemporains. Pourtant, jamais il n’aura semblé manquer de foi. Et bien que désabusé, Gil Scott-Heron n’eut jamais été homme à rester médusé. Entre un James Brown en rut et un Marvin gaye irrésistible, Gil Scott-Heron trouve son ton et son public, grâce à un discours acerbe qu’il distille dans des textes d’une profondeur insondable.
Scott-Heron, c’est d’abord un romancier. Toute sa jeunesse il l’a passe à jeter sur papier des ébauches d’intrigue policières. Puis, ce sera la poésie. Des influences qui cristallisent autant Malcolm X, John Coltrane, LeRoi Jones que Huey Newton (leader des Blacks Panthers).
A seulement 19 ans, il est encore étudiant à la Lincoln University (en Pennsylvanie) lorsqu’il publie son premier roman, « The Vulture » (Le Vautour). Un polar décalé, puisque l’ingrédient habituel (le flic) est absent. C’est le lecteur qui devient l’enquêteur en découvrant les histoires de quatre figures du quartier qui ont tous une bonne raison d'en vouloir à John Lee, le dealer abattu… Nous sommes en 1968 et ce livre ne connaîtra aucun écho face aux débordements que connaît le monde cette année-là.
Suivra un recueil de textes « Small Talk At 125th and Lenox » (NDLR qui deviendra par la suite le titre du tout premier album de l’artiste). Pour son second roman « The Nigger Factory », Gil Scott se sent comme étranglé par l’étroitesse de l’écrit. Il veut donner de l’impulsion et de l’amplitude à ses textes en les déclamant sur fond de musique. Sa rencontre avec un autre étudiant Brian Jackson est déterminante. Jackson est par ailleurs pianiste et flûtiste chevronné. On reconnait volontiers aujourd’hui l’indispensabilité de Brian Jackson dans l’ensemble de l’œuvre du sage poète de la rue.
L’autre rencontre déterminante fut celle avec Bob Thiele. Celui-ci l’encourage à mélanger poésie et expérimentations musicales. Gil invente un genre, un mélange de textes scandé sur fond de musique : le spoken word. En 1970 sort « Small Talk At 125th and Lenox », dans lequel ils étirent le jazz et la soul en les faisant baigner dans des volutes de flûtes presque psychés proche d’une musique freestyle. A la même époque que les Last Poets, Gil Scott-Heron se lance dans une dénonciation féroce de l’attitude des médias vis-à-vis des minorités ethniques. Le rap vient de naître : diatribes conscientes, volontaires, critiques et justes. Gil Scott-Heron devient l’une des principales références musicales du mouvement des Blacks panthers.
Scott-Heron, c’est d’abord un romancier. Toute sa jeunesse il l’a passe à jeter sur papier des ébauches d’intrigue policières. Puis, ce sera la poésie. Des influences qui cristallisent autant Malcolm X, John Coltrane, LeRoi Jones que Huey Newton (leader des Blacks Panthers).
A seulement 19 ans, il est encore étudiant à la Lincoln University (en Pennsylvanie) lorsqu’il publie son premier roman, « The Vulture » (Le Vautour). Un polar décalé, puisque l’ingrédient habituel (le flic) est absent. C’est le lecteur qui devient l’enquêteur en découvrant les histoires de quatre figures du quartier qui ont tous une bonne raison d'en vouloir à John Lee, le dealer abattu… Nous sommes en 1968 et ce livre ne connaîtra aucun écho face aux débordements que connaît le monde cette année-là.
Suivra un recueil de textes « Small Talk At 125th and Lenox » (NDLR qui deviendra par la suite le titre du tout premier album de l’artiste). Pour son second roman « The Nigger Factory », Gil Scott se sent comme étranglé par l’étroitesse de l’écrit. Il veut donner de l’impulsion et de l’amplitude à ses textes en les déclamant sur fond de musique. Sa rencontre avec un autre étudiant Brian Jackson est déterminante. Jackson est par ailleurs pianiste et flûtiste chevronné. On reconnait volontiers aujourd’hui l’indispensabilité de Brian Jackson dans l’ensemble de l’œuvre du sage poète de la rue.
L’autre rencontre déterminante fut celle avec Bob Thiele. Celui-ci l’encourage à mélanger poésie et expérimentations musicales. Gil invente un genre, un mélange de textes scandé sur fond de musique : le spoken word. En 1970 sort « Small Talk At 125th and Lenox », dans lequel ils étirent le jazz et la soul en les faisant baigner dans des volutes de flûtes presque psychés proche d’une musique freestyle. A la même époque que les Last Poets, Gil Scott-Heron se lance dans une dénonciation féroce de l’attitude des médias vis-à-vis des minorités ethniques. Le rap vient de naître : diatribes conscientes, volontaires, critiques et justes. Gil Scott-Heron devient l’une des principales références musicales du mouvement des Blacks panthers.
En 1972, sort l’album « Piece of Man », toujours plus jazz et plus soul. Le poète se met à chanter, cherchant encore la justesse de son timbre et sa tessiture. La critique évoque pourtant Marvin Gaye, Isaac Hayes ou Curtis Mayfiled. Sa voix est ronde, engorgé et volatile. Le discours se durcit. Le contexte s’y prête : entre les émeutes raciales, les désillusions post-Woodstock (1968) et la guerre du Viêtnam. Tous les membres de la famille du rythme&blues et de la soul ont compris qu’il n’est plus l’heure du politiquement correct. D’ailleurs, Marvin Gaye lançait bientôt son fameux « What Going On », comme un appel universel à la prise de conscience du monde. Gil Scott-Heron aura lui aussi pris conscience des affres monde. En 1974, il chante ce texte qui le rendra célèbre : The Revolution Will Be Not Televised. Simplement une leçon. Ses textes dépasseront la seule Amérique, pour ricocher sur les murs d’Afrique du Sud alors prison dorée où l’apartheid règne en maître. En 1977, le titre Johannesburg sonne comme le premier succès commercial et international de l’artiste. La légende est en marche.
Les années sombres
La popularité croissante du poète lui permet notamment de voir son tout premier roman, The Vulture, réédité. Et entre deux nouvel opus, « It’s Not your World » (live 1977) et « Bridges » (1978) les anciens albums reviennent prendre d’assaut les bacs des disquaires. L’album « The revolution Will Be Not Televised» profite également d’un second souffle. En 1978, c’est Malcolm Cecil, producteur de Stevie Wonder et d’Isley Brothers qui va l’épauler pour la confection de l’album « Secret » où figure le hit the bottle. Les deux titres deviendront finalement les plus gros succès du grand sage. Mais l’homme qui lui porté main forte pendant tant d’année, Brian Jackson, décide de quitter l’aventure. Ainsi la fin des 70’s signera la fin de la success story. Après « 1980 » sorti la dite année, il travaille avec Nile Rogers (Chic) sur l’album « Real Eyes », dans lequel le discours a trouvé une nouvelle cible.
Après Carter et Nixon, Gil s’en prend violemment à Ronald Reggan (cf le titre Re-Ron). Scott-Heron est sans doute le premier artiste à prendre ouvertement position contre sa politique conservatrice, comme pour débroussailler le chemin qu’emprunteront très peu de temps après les rappeurs Chuck D et Flavor Flave du groupe Public Enemy. Avec pertinence, il pointe du doigt les choix socio-économiques raciaux opérés par cette administration. Mais c’est à cette même époque que comme pour tout prophète, les reproches commencent à pleuvoir. On lui reproche son entêtement, sa victimisation et l’on juge ses critiques de moins en moins constructives. C’est à cette époque qu’il connait aussi ses premiers déboires avec la justice. Car les prises de positions scandées ont laissé place à beaucoup plus d’activisme. Il manifeste contre le racisme, le nucléaire ou l’apartheid. Il apparaît désormais sur la liste noire de la CIA. En 1985, sa maison de disque, Arista le débarque. La musique est en pause jusqu’en 1994. Mais la flamme n’est pas éteinte. Et c’est sans doute la communauté rap qui aura toutes ses années contribué à la maintenir. Car bon nombre de rappeurs voient en ce poète combatif et réfléchis, un mentor.
Après Carter et Nixon, Gil s’en prend violemment à Ronald Reggan (cf le titre Re-Ron). Scott-Heron est sans doute le premier artiste à prendre ouvertement position contre sa politique conservatrice, comme pour débroussailler le chemin qu’emprunteront très peu de temps après les rappeurs Chuck D et Flavor Flave du groupe Public Enemy. Avec pertinence, il pointe du doigt les choix socio-économiques raciaux opérés par cette administration. Mais c’est à cette même époque que comme pour tout prophète, les reproches commencent à pleuvoir. On lui reproche son entêtement, sa victimisation et l’on juge ses critiques de moins en moins constructives. C’est à cette époque qu’il connait aussi ses premiers déboires avec la justice. Car les prises de positions scandées ont laissé place à beaucoup plus d’activisme. Il manifeste contre le racisme, le nucléaire ou l’apartheid. Il apparaît désormais sur la liste noire de la CIA. En 1985, sa maison de disque, Arista le débarque. La musique est en pause jusqu’en 1994. Mais la flamme n’est pas éteinte. Et c’est sans doute la communauté rap qui aura toutes ses années contribué à la maintenir. Car bon nombre de rappeurs voient en ce poète combatif et réfléchis, un mentor.
Gil revient finalement en 1994 et signe sur une nouvelle maison de disque, TVT Records. Sur « Spirit », il envoie A message To The Messengers à une communauté hip-hop prit dans la cacophonie du gangsta rap. Le texte : « Jeunes rappeurs, une autre suggestion avant que je ne disparaisse. J’apprécie le respect que vous me témoignez et ce que vous avez à dire. Je me permets juste de vous conseiller de protéger votre communauté et de répandre le respect. Dites à vos frères et sœurs qu’ils doivent calmer le jeu de la violence car nous en arrivons à terroriser nos parents et nous introduisons la peur dans nos propres foyers », n’aura malheureusement qu’un effet ponctuel. Deux ans plus tard le rap enterrera ces deux plus grands MCs (2pac et Notorious Big). D’autres, tels que Common, continueront de transmettre l’héritage de manière positive (cf le titre 6th Sens sur l’album Like Water For chocolate).
Les années sombres commencent réellement au moment où ce touche-à-tout succombe aux charmes du crack. Et malgré le succès d’estime de l’album « Ghetto Style » en 1998, le sage s’enferme dans un cercle vicieux. En 2001, la mort de sa mère le conduit à une première arrestation. Il est incarcéré pour violence domestique et pour consommation de drogue. Il sort de prison en 2002 et enregistre le titre Blazing Arrow aux côtés de Blackalicious. En 2006, c’est un nouveau revers. Gil est à nouveau jugé pour possession de drogue. Il est une nouvelle fois libéré l’année suivante et décide de remonter sur scène. En France notamment, en juillet 2007, il se produit dans une de ses salles fétiches le New Morning. Il a surtout donné deux concert au Sob's de New York, tous deux salué par la critique et le public. On espère un vrai retour. Un espoir que l’on aurait tort de vouloir contredire. Le sage poète de la rue travaillerait actuellement sur un nouvel album !
Alors comment expliquer qu’aujourd’hui encore, Gil Scott-Heron fasse autant figure d’autorité ? C’est simple, il y a près de quarante ans, celui-ci inventait le phrasé des pionniers du rap et laissait présager de l’avenir du monde dans des laïus aux allures de prophétie. Alors, un jour sûrement, Gil Scott-Heron redéployera ses ailes de géant sur la musique. Une révolution qui une fois de plus ne sera sans doute pas télévisée, mais sur laquelle nous veillerons à ne rien rater.
Les années sombres commencent réellement au moment où ce touche-à-tout succombe aux charmes du crack. Et malgré le succès d’estime de l’album « Ghetto Style » en 1998, le sage s’enferme dans un cercle vicieux. En 2001, la mort de sa mère le conduit à une première arrestation. Il est incarcéré pour violence domestique et pour consommation de drogue. Il sort de prison en 2002 et enregistre le titre Blazing Arrow aux côtés de Blackalicious. En 2006, c’est un nouveau revers. Gil est à nouveau jugé pour possession de drogue. Il est une nouvelle fois libéré l’année suivante et décide de remonter sur scène. En France notamment, en juillet 2007, il se produit dans une de ses salles fétiches le New Morning. Il a surtout donné deux concert au Sob's de New York, tous deux salué par la critique et le public. On espère un vrai retour. Un espoir que l’on aurait tort de vouloir contredire. Le sage poète de la rue travaillerait actuellement sur un nouvel album !
Alors comment expliquer qu’aujourd’hui encore, Gil Scott-Heron fasse autant figure d’autorité ? C’est simple, il y a près de quarante ans, celui-ci inventait le phrasé des pionniers du rap et laissait présager de l’avenir du monde dans des laïus aux allures de prophétie. Alors, un jour sûrement, Gil Scott-Heron redéployera ses ailes de géant sur la musique. Une révolution qui une fois de plus ne sera sans doute pas télévisée, mais sur laquelle nous veillerons à ne rien rater.
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