Des centaines de milliers de personnes convergent vers la Californie. Un cortège de fleurs, de larmes et de caméras. Certains se prosternent sur le sol, d’autres crient qu’il n’est pas mort, et dans les artères de Los Angeles, vendre des places pour assister aux funérailles du King peut atteindre le salaire d’une vie entière.
Au pays de l’identité raciale, la foule qui s’avance est indéfinie, comme mutante : des hommes, des femmes et des enfants, blancs et noirs, riches ou désoeuvrés. Michael doit sourire. Son rêve d’humanité unifiée se concrétise, le temps d’une procession certes, mais ils sont tous là. Au coin du Staples Center, un clochard s’essaye au Moonwalk sous les applaudissements d’un groupe de courtiers en bras de chemise.
L’onde de choc fût si perçante qu’elle a traversé les clivages pour atteindre les cœurs. Les gens avancent solidaires dans la peine, comme lorsque l’on doit résister à un tremblement de terre. Parlons en de la terre. Son axe a fléchi sous le poids d’une seule nouvelle. De Lagos à Melbourne, l’annonce de la mort du roi a déferlé comme une vague géante, brassant jusqu’à la surface les souvenirs que l’on pensait perdus. Ce soir là, j’ai revu le sourire de ma sœur lorsque, le temps d’un pas de danse, elle m’autorisait à enfiler son perfecto décoré de badges multicolores. Combien de gosses étions-nous à reproduire ce genre de scène ? Combien ont essayé d’incarner Michael Jackson ? Celui qui marche sur des sols enluminés, qui se transforme en loup-garou et qui joue du chapeau Fedora blanc comme personne…
Des motivations jalouses et obscures ont pourtant tout fait pour écraser l’icône de son vivant. Ces dernières années, leur acharnement avait fini par transformer l’un des plus grands génies de l’histoire de la musique en vulgaire objet de dérision. L’image de Michael n’inspirait plus que des rires sournois et compatissants. Ils avaient changé Neverland en cathédrale de l’horreur et Bambi en prédateur obscène. Pas une ligne sur les fondations en faveur des malades, pas un article sur le bien qu’il semait derrière lui à coup de millions de dollars. J’aimerai voir la face de ces gens aujourd’hui. Il paraît que les bourreaux ont aussi le droit de pleurer. Et que l’histoire ne retient jamais leurs noms.
Depuis l’enfance, Michael Jackson a chargé sur ses épaules des chagrins que nous ne pourrions jamais supporter. L’idole est partie en les traînant jusque dans sa tombe. Les chiens pourront toujours s’entre-tuer autour de la gamelle. Leur maître est déjà loin, il plane sur nos têtes et nos consciences. N’importe quel pied continuera à battre sur l’ouverture de Billie Jean. Demain comme toujours.
Rest in Peace Michael.
Au pays de l’identité raciale, la foule qui s’avance est indéfinie, comme mutante : des hommes, des femmes et des enfants, blancs et noirs, riches ou désoeuvrés. Michael doit sourire. Son rêve d’humanité unifiée se concrétise, le temps d’une procession certes, mais ils sont tous là. Au coin du Staples Center, un clochard s’essaye au Moonwalk sous les applaudissements d’un groupe de courtiers en bras de chemise.
L’onde de choc fût si perçante qu’elle a traversé les clivages pour atteindre les cœurs. Les gens avancent solidaires dans la peine, comme lorsque l’on doit résister à un tremblement de terre. Parlons en de la terre. Son axe a fléchi sous le poids d’une seule nouvelle. De Lagos à Melbourne, l’annonce de la mort du roi a déferlé comme une vague géante, brassant jusqu’à la surface les souvenirs que l’on pensait perdus. Ce soir là, j’ai revu le sourire de ma sœur lorsque, le temps d’un pas de danse, elle m’autorisait à enfiler son perfecto décoré de badges multicolores. Combien de gosses étions-nous à reproduire ce genre de scène ? Combien ont essayé d’incarner Michael Jackson ? Celui qui marche sur des sols enluminés, qui se transforme en loup-garou et qui joue du chapeau Fedora blanc comme personne…
Des motivations jalouses et obscures ont pourtant tout fait pour écraser l’icône de son vivant. Ces dernières années, leur acharnement avait fini par transformer l’un des plus grands génies de l’histoire de la musique en vulgaire objet de dérision. L’image de Michael n’inspirait plus que des rires sournois et compatissants. Ils avaient changé Neverland en cathédrale de l’horreur et Bambi en prédateur obscène. Pas une ligne sur les fondations en faveur des malades, pas un article sur le bien qu’il semait derrière lui à coup de millions de dollars. J’aimerai voir la face de ces gens aujourd’hui. Il paraît que les bourreaux ont aussi le droit de pleurer. Et que l’histoire ne retient jamais leurs noms.
Depuis l’enfance, Michael Jackson a chargé sur ses épaules des chagrins que nous ne pourrions jamais supporter. L’idole est partie en les traînant jusque dans sa tombe. Les chiens pourront toujours s’entre-tuer autour de la gamelle. Leur maître est déjà loin, il plane sur nos têtes et nos consciences. N’importe quel pied continuera à battre sur l’ouverture de Billie Jean. Demain comme toujours.
Rest in Peace Michael.