Après des années passées dans l’ombre à composer tubes sur tubes pour les studios Stax (« Hold On ! I’m Comin’», «Soul Man», c’est lui…), ou à accompagner au clavier Otis Redding en studio, Isaac Hayes rencontre en 1969 le succès comme chanteur, après un premier essai au résultat mitigé, avec le révolutionnaire Hot Buttered Soul : production quasi symphonique, morceaux étirés jusqu’à 18 minutes, long monologue, c'est audacieux et inédit.
En 1971, Hayes est au top de la popularité avec le succès rencontré par la musique du film Shaft (sa seconde expérience comme compositeur de B.O., Hayes ayant composé la musique du troisième film de Norman Mailer, Maidstone, en 1970). L’apogée de sa carrière musicale est sans nul doute son apparition, torse nu ceint d’une chaîne en or, au festival mythique Wattstax en août 1972 devant plus de cent mille personnes. Il devient le symbole du « Black Pride » pour toute la communauté afro-américaine.
« J'allais chez un styliste à Memphis spécialisé dans les vêtements en peau. Il vendait des chaînes en or. J'en achetais au kilo. Je les portais torse nu avec des collants noirs et des bottes en fourrure. Quand je montais sur scène, les femmes devenaient hystériques. Je n'ai jamais voulu être un sex-symbol, mais souvent, quand j'allais chez des femmes, je trouvais mon poster dans leurs toilettes. J'avais l'impression d'être assis sur leurs têtes. Sans m'en douter, j'avais entrepris une révolution symbolique. Avec moi, les chaînes ne représentaient plus l'esclavage de l'homme noir, mais devenaient un signe de pouvoir et de sexualité. Une affirmation de soi. »
En 1971, Hayes est au top de la popularité avec le succès rencontré par la musique du film Shaft (sa seconde expérience comme compositeur de B.O., Hayes ayant composé la musique du troisième film de Norman Mailer, Maidstone, en 1970). L’apogée de sa carrière musicale est sans nul doute son apparition, torse nu ceint d’une chaîne en or, au festival mythique Wattstax en août 1972 devant plus de cent mille personnes. Il devient le symbole du « Black Pride » pour toute la communauté afro-américaine.
« J'allais chez un styliste à Memphis spécialisé dans les vêtements en peau. Il vendait des chaînes en or. J'en achetais au kilo. Je les portais torse nu avec des collants noirs et des bottes en fourrure. Quand je montais sur scène, les femmes devenaient hystériques. Je n'ai jamais voulu être un sex-symbol, mais souvent, quand j'allais chez des femmes, je trouvais mon poster dans leurs toilettes. J'avais l'impression d'être assis sur leurs têtes. Sans m'en douter, j'avais entrepris une révolution symbolique. Avec moi, les chaînes ne représentaient plus l'esclavage de l'homme noir, mais devenaient un signe de pouvoir et de sexualité. Une affirmation de soi. »
Isaac Hayes diversifie dès lors ses expériences en entamant une carrière d’acteur. Les débuts sont difficiles : notre "Moïse Noir" essuie en effet un refus pour le rôle du policier dans Shaft.
« Moi, ce que je voulais, c'était jouer dans le film, pas en écrire la musique. Le réalisateur Melvin Van Peebles avait ouvert la voie à la blaxploitation, ce courant hollywoodien qui rompait avec une tradition où seuls les rôles de chauffeur, de bonne à tout faire, de gardien de nuit étaient dévolus aux Noirs. Le héros, le réalisateur, les personnages, le langage de Shaft sont noirs; il fallait que la musique soit l' oeuvre d'un compositeur noir. Alors, pourquoi pas Isaac Hayes ? Lorsque le producteur m a fait la proposition, la déception l'emporta. J'espérais un rôle. Mais vu l'effet bénéfique de ce disque sur ma carrière, il serait inconvenant de le renier aujourd'hui. »
Hayes obtient finalement en 1974 un rôle au côté de Lino Ventura dans le film Italo-americano-français Uomini Duri (dont il composera également la musique).
« Lino était un type fantastique. Il était plutôt du genre calme, timide même, mais on faisait une paire d’enfer tous les deux »
« Moi, ce que je voulais, c'était jouer dans le film, pas en écrire la musique. Le réalisateur Melvin Van Peebles avait ouvert la voie à la blaxploitation, ce courant hollywoodien qui rompait avec une tradition où seuls les rôles de chauffeur, de bonne à tout faire, de gardien de nuit étaient dévolus aux Noirs. Le héros, le réalisateur, les personnages, le langage de Shaft sont noirs; il fallait que la musique soit l' oeuvre d'un compositeur noir. Alors, pourquoi pas Isaac Hayes ? Lorsque le producteur m a fait la proposition, la déception l'emporta. J'espérais un rôle. Mais vu l'effet bénéfique de ce disque sur ma carrière, il serait inconvenant de le renier aujourd'hui. »
Hayes obtient finalement en 1974 un rôle au côté de Lino Ventura dans le film Italo-americano-français Uomini Duri (dont il composera également la musique).
« Lino était un type fantastique. Il était plutôt du genre calme, timide même, mais on faisait une paire d’enfer tous les deux »
Suivra la même année Truck Turner où Hayes compose également la bande originale tout en s’amusant follement sur le tournage…
« J'ai tourné Truck Turner, en 1974. Un vrai pique-nique: la scène avec toutes ces jolies filles autour de la piscine résume à elle seule l'ambiance du tournage. J'ai eu du bon temps, ça, on peut le dire Je commençais à peine à prendre la mesure du métier de comédien. »
Le déclin de la Blaxploitation renvoie Hayes à la musique jusqu’en 1981 où l’on retrouve « l’Empereur » dans le rôle de « The Duke » dans Escape From New York (plus connu sous nos tropiques sous le nom de New York 1997).
« Yeah The Duke, c'était un rôle sur mesure. Le casting était imprenable: Donald Pleasance, Lee Van Cleef, Harry Dean Stanton, Kurt Russel. Kurt était très farceur, surtout à mes dépens' mais j'ai eu le dernier mot: pendant qu'il prenait sa douche dans la salle de bains commune du YMCA où nous étions logés, je lui ai envoyé deux gays en chaleur ; vous l'auriez vu sortir en trombe, la serviette nouée, serrée autour des reins Il va me détester de raconter ça... »
Sa faillite personnelle en décembre 1976 et ses échecs musicaux successifs le pousse de plus en plus à renouer avec le 7ème Art.
« Moi, l'orphelin, le cireur de chaussures et le cueilleur de coton, je voyais l'argent couler à flots. Je roulais en Cadillac dorée et je me produisais avec 40 musiciens et 12 choristes à demi nues. J'ai tout claqué ! Heureusement, le cinéma m'a sauvé. »
Entre 1986 et 1996, Hayes tourne ainsi dans plus d’une vingtaine de films, pas toujours mémorables, pour le grand et le petit écran. En 1997, il prête sa voix à « Chef » dans South Park. Le succès auprès de toute une nouvelle génération est immédiat.
« J'ai tourné Truck Turner, en 1974. Un vrai pique-nique: la scène avec toutes ces jolies filles autour de la piscine résume à elle seule l'ambiance du tournage. J'ai eu du bon temps, ça, on peut le dire Je commençais à peine à prendre la mesure du métier de comédien. »
Le déclin de la Blaxploitation renvoie Hayes à la musique jusqu’en 1981 où l’on retrouve « l’Empereur » dans le rôle de « The Duke » dans Escape From New York (plus connu sous nos tropiques sous le nom de New York 1997).
« Yeah The Duke, c'était un rôle sur mesure. Le casting était imprenable: Donald Pleasance, Lee Van Cleef, Harry Dean Stanton, Kurt Russel. Kurt était très farceur, surtout à mes dépens' mais j'ai eu le dernier mot: pendant qu'il prenait sa douche dans la salle de bains commune du YMCA où nous étions logés, je lui ai envoyé deux gays en chaleur ; vous l'auriez vu sortir en trombe, la serviette nouée, serrée autour des reins Il va me détester de raconter ça... »
Sa faillite personnelle en décembre 1976 et ses échecs musicaux successifs le pousse de plus en plus à renouer avec le 7ème Art.
« Moi, l'orphelin, le cireur de chaussures et le cueilleur de coton, je voyais l'argent couler à flots. Je roulais en Cadillac dorée et je me produisais avec 40 musiciens et 12 choristes à demi nues. J'ai tout claqué ! Heureusement, le cinéma m'a sauvé. »
Entre 1986 et 1996, Hayes tourne ainsi dans plus d’une vingtaine de films, pas toujours mémorables, pour le grand et le petit écran. En 1997, il prête sa voix à « Chef » dans South Park. Le succès auprès de toute une nouvelle génération est immédiat.
Hayes décrit le personnage ainsi :"a person that speaks his mind; he's sensitive enough to care for children; he's wise enough to not be put into the 'wack' category like everybody else in town — and he l-o-o-o-o-ves the ladies."
En 2006, Hayes quitte malgré tout la série suite à un épisode se moquant de la scientologie (secte dont fait partie notre légende depuis 1993) et de son fondateur Ron Hubbard.
"There is a place in this world for satire, but there is a time when satire ends and intolerance and bigotry toward religious beliefs of others begins"
Entre temps Isaac Hayes se lance avec succès dans la restauration. Il lance en effet avec succès deux restaurants (à Memphis et Chicago) et écrit un livre de cuisine : Cooking with Heart & Soul…
En 2006, Hayes quitte malgré tout la série suite à un épisode se moquant de la scientologie (secte dont fait partie notre légende depuis 1993) et de son fondateur Ron Hubbard.
"There is a place in this world for satire, but there is a time when satire ends and intolerance and bigotry toward religious beliefs of others begins"
Entre temps Isaac Hayes se lance avec succès dans la restauration. Il lance en effet avec succès deux restaurants (à Memphis et Chicago) et écrit un livre de cuisine : Cooking with Heart & Soul…
Fasciné par l’Afrique, terre de ses ancêtres, le chanteur s’y investi sur le plan humanitaire, notamment au Ghana où il devient roi d’une province le 23 juillet 1994 sous le nom de Nene Katey Ocansey !!
« Je suis allé la première fois au Ghana en 1992, avec Dionne Warwick. J’ai été si ému par ce que j’ai vu, en particulier les maisons où l'on enfermait les esclaves avant de les envoyer aux Etats-Unis que ça m’a donné l’appétit d’en savoir plus sur mes ancêtres. J’ai lu des livres, et quand je suis retourné aux Etats-Unis, je n’arrêtais pas de parler de ça. J’ai fait des conférences dans le but d’encourager les Africains-Américains de faire le voyage au Ghana pour qu’ils apprennent d’où ils venaient. Je disais aux jeunes: «Vous entrez dans des gangs et vous vous entre-tuez, sans réaliser que du sang royal coule dans vos veines! Vous vous battez pour une terre qui ne vous appartient même pas.» A une de ces conférences à New York, la princesse du Ghana m’a entendu et a raconté à son père ce que j’avais dit. Le roi m’a alors invité officiellement. J’étais là-bas en même temps que Public Enemy. Ils ont fait une cérémonie pour me nommer membre honoraire de la famille royale; ce fut un moment intense et merveilleux. Chuck D est venu à la cérémonie en habits traditionnels africains, Flavor Flav aussi! Vous auriez dû les voir, tous habillés en boubou… »
Malgré ses choix artistiques parfois hasardeux, Isaac Hayes reste un acteur incontournable de la scène soul. Il continue à incarner une forme de fierté noire pour toute une génération férue de hip hop et de rap.
« C'est ce que j'ai dit un jour à LL Cool J : « je portais des chaînes quand tu jouais encore aux osselets à la récré. »