CD 1 - The Past par Kzimir
Le jazz est sans aucun doute le territoire musical le plus difficile à cartographier pour un compilateur. Il est immense et s’étend sans cesse, ses frontières sont parfois mal définies, ses recoins sont innombrables. Gilles Peterson fait partie des explorateurs que cette éternelle terra incognita ne saurait effrayer. Il nous déjà livré plus d’un récit de ses voyages dans des contrées éloignées avec des compilations comme Impressed with Gilles Peterson (deux volumes) qui mettait en lumière le jazz britannique des années 1960 et 1970, ou avec le récent Brownswood USA. Pour le premier opus de la compilation Kings of Jazz, le Gillou cherche le dépaysement là où ne l’attend pas puisqu’il aborde des artistes majeurs à travers des morceaux méconnus. Et l’on retrouve dans sa sélection la couleur musicale caractéristique du DJ anglais. A ce titre, les morceaux les plus emblématiques sont sans doute ceux dans lesquelles apparaissent des parties chantées. Abondance de spiritualité gospel sur Cristo Redentor de Donald Byrd ou Spirits up above de Rashaan Roland Kirk. Véritables chansons jazzy également avec Moves de Charlie Mingus ou My Favorite Things de Mark Murphy, le chant de Noël tel qu’il devrait toujours être. Tout en étant indéniablement ancrée dans les goûts de Gilles Peterson, la sélection couvre de plus une palette relativement large. L’énergie bop vous brûlera les pieds avec Young Rabbits des Jazz Crusaders. Equinox de John Coltrane, sans aucun doute le meilleur morceau de la sélection, ne manquera pas de vous faire quitter votre enveloppe charnelle, avec un numéro de Trane à mi-chemin entre Giant Steps et son album avec Duke Ellington.
Avec cette compilation, les néophytes pourront donc mettre un premier pied sur un nouveau continent sans passer par la case Kind of Blue, tandis que les jazzeux trouveront le moyen de revisiter avec une oreille nouvelle la plus pléthorique des discothèques.
Avec cette compilation, les néophytes pourront donc mettre un premier pied sur un nouveau continent sans passer par la case Kind of Blue, tandis que les jazzeux trouveront le moyen de revisiter avec une oreille nouvelle la plus pléthorique des discothèques.
CD 2 - The Present par Vincent Godard
Le deuxième opus de cette compilation a été sélectionné par le collectif berlinois Jazzanova (chronique de leur dernière compilation sur notre site). La définition du jazz posée par ce deuxième volume est plus large de celle des puristes : les titres datent des années 90 pour les plus anciens, et vous n’y trouverez ni les frères Belmondo, ni Paolo Fresu, encore moins Jacky Terrasson. On y écoutera la nouvelle garde, d’origine anglaise pour la majeure partie, adepte de l’échantillonnage, des remixes, et de divers styles comme le broken beat ou l’electro, dont le rapport avec le jazz est loin d’être acquis pour ceux à qui cette musique s’apparente à Archie Shepp ou John Coltrane.
Le disque débute par une agréable fusion jazz-soul vocale, Butterflies de Los Nikis, puis par un grand classique du groupe de drum’n’bass 4Hero’s, Spirits In Transit. Ce titre, sorti il y a 8 ans sur l’album de référence Two Pages, reste surprenant de modernité et de finesse, et est pourvu d’arrangements de cordes très maîtrisés. On peine à croire que ce track est composé par un groupe de jungle. Sûrement une des plus belles sélections de ce disque.
En plage 3, on trouve une énergique reprise live de Carlos Garnett, Mother of the Future, qui vaut l’original tout autant que celle de Norman Connors : onze minutes de jazz-funk brésilien brillant et dansant, porté par des excellents solos de saxophone, de batterie et de basse fuzz, soutenu par la voix tendue de Bembe Segue, que l’on aura l’occasion de voir sur scène le 24 avril 2006 à Paris. Un titre à la fois groove et technique qui renvoie au meilleur de la chanteuse Flora Purim.
Le disque continue avec l’incontournable et génial Matthew Herbert, ici en big band, avec un titre plus conventionnel que ceux auxquels ils nous avaient habitués. Il n’en reste pas moins 5 minutes de jazz vocal agréable, porté par la voix de Jamie Lidell.
Retour à l’électronique avec un remix de Brand New Day de Pavel Kostiuk, plus connu sous le nom de Dego McFarlane de 4Hero's. Le remixe broken beat de Château Flight s’en tire honorablement sans pour autant apporter d’intérêt supplémentaire à la composition originale.
Suivent deux titres à l’intérêt limité : Two Miles Before Dawn de Two Banks Of Four est une composition jazz très calme, assez jolie, mais malheureusement identique à de nombreux titres du genre, et on peine à s’y intéresser. Modern Times de Rima est quand à lui noyé dans des nappes de synthétiseur loin d’être du meilleur goût, frisant avec une musique sans âme, sans saveur, assez typique de la période 75-80 : on pense au pire de Deodato ou de George Duke, ou encore Weather Report.
A contrario, la musique de Carl Craig via son groupe de jazz Innerzone Orchestra parait étonnamment originale, malgré un son très daté. Ici, synthétiseurs riment avec planant, non dans une émotion vide ou consensuelle, plutot comme un voyage sous drogue, d’une précision diabolique. Une vision de la musique qui semble la plus proche d’un esprit free jazz, non loin de Sun Ra.
Ce deuxième volume se termine par un composition majeure, Muster Fur Kammerorchester de Carlo Fashion. La tension que dégage ce titre se rapproche de celle de grands groupes des années 70 tels que The Art Ensembe of Chicago. Un mélange de moderne et de roots savamment dosé donne ici un titre surprenant et rare.
Enfin Hedvig Hanson cloture ce disque avec Afro White, porté par des vocaux très Brésil et une flûte très funky. Un titre jazz-funk sympathique pour amateurs.
Le disque débute par une agréable fusion jazz-soul vocale, Butterflies de Los Nikis, puis par un grand classique du groupe de drum’n’bass 4Hero’s, Spirits In Transit. Ce titre, sorti il y a 8 ans sur l’album de référence Two Pages, reste surprenant de modernité et de finesse, et est pourvu d’arrangements de cordes très maîtrisés. On peine à croire que ce track est composé par un groupe de jungle. Sûrement une des plus belles sélections de ce disque.
En plage 3, on trouve une énergique reprise live de Carlos Garnett, Mother of the Future, qui vaut l’original tout autant que celle de Norman Connors : onze minutes de jazz-funk brésilien brillant et dansant, porté par des excellents solos de saxophone, de batterie et de basse fuzz, soutenu par la voix tendue de Bembe Segue, que l’on aura l’occasion de voir sur scène le 24 avril 2006 à Paris. Un titre à la fois groove et technique qui renvoie au meilleur de la chanteuse Flora Purim.
Le disque continue avec l’incontournable et génial Matthew Herbert, ici en big band, avec un titre plus conventionnel que ceux auxquels ils nous avaient habitués. Il n’en reste pas moins 5 minutes de jazz vocal agréable, porté par la voix de Jamie Lidell.
Retour à l’électronique avec un remix de Brand New Day de Pavel Kostiuk, plus connu sous le nom de Dego McFarlane de 4Hero's. Le remixe broken beat de Château Flight s’en tire honorablement sans pour autant apporter d’intérêt supplémentaire à la composition originale.
Suivent deux titres à l’intérêt limité : Two Miles Before Dawn de Two Banks Of Four est une composition jazz très calme, assez jolie, mais malheureusement identique à de nombreux titres du genre, et on peine à s’y intéresser. Modern Times de Rima est quand à lui noyé dans des nappes de synthétiseur loin d’être du meilleur goût, frisant avec une musique sans âme, sans saveur, assez typique de la période 75-80 : on pense au pire de Deodato ou de George Duke, ou encore Weather Report.
A contrario, la musique de Carl Craig via son groupe de jazz Innerzone Orchestra parait étonnamment originale, malgré un son très daté. Ici, synthétiseurs riment avec planant, non dans une émotion vide ou consensuelle, plutot comme un voyage sous drogue, d’une précision diabolique. Une vision de la musique qui semble la plus proche d’un esprit free jazz, non loin de Sun Ra.
Ce deuxième volume se termine par un composition majeure, Muster Fur Kammerorchester de Carlo Fashion. La tension que dégage ce titre se rapproche de celle de grands groupes des années 70 tels que The Art Ensembe of Chicago. Un mélange de moderne et de roots savamment dosé donne ici un titre surprenant et rare.
Enfin Hedvig Hanson cloture ce disque avec Afro White, porté par des vocaux très Brésil et une flûte très funky. Un titre jazz-funk sympathique pour amateurs.
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BBE Records
CHRONIQUES :
Jazzanova - The Remixes 2002-2005
Gilles Peterson digs America : Brownswood U.S.A. Novembre 2005
Gilles Peterson - The BBC sessions vol.1 ! Novembre 2005
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