Comment s’est monté le label Big Cheese ?
C’est assez simple en fait, j’avais un magasin de disques vynils spécialisé en soul, funk et jazz monté en 1989 (jusqu’en 1992) avec des copains de la banlieue d’où je venais, Cachan. J’ai rencontré Simon, qui est ensuite devenu mon associé et partenaire, dans le magasin, en octobre 1990.
Il a monté une première soirée nommée « Laboratory » en décembre 1990. Un an après le 26 octobre 1991, on montait notre première soirée « Le groove qui pue », Le fromage était né. C’est l’histoire des milles flyers envoyés avec un bout de fromage ( du roquefort papillon pour le citer ) à l’intérieur d’un sac plastique . Au bout de 2 ans de soirées un peu partout avec les copains : la Malka Family, Dee Nasty, Pure, Aldo, Bando, Ziza, on s’est dit que ça serait bien de monter un label de funk en France.
Pure avait monté un label de compilation et nous on était pas trop pour ça, même si c’est grâce à ça que BigCheese est né.
Le 3 mars 1993 on a lancé « 12 Tasty Groove ». Ça a été un tremplin pour ramasser un peu d’argent et pouvoir produire les artistes après. Dans la même année on a sorti le premier single de Big Cheese All Star et le premier single de Batu (un groupe disparu mais où il y avait des mecs qui font maintenant de la prod pour Neneh Cherry, un des gars a même monté Stomp…).
Il a monté une première soirée nommée « Laboratory » en décembre 1990. Un an après le 26 octobre 1991, on montait notre première soirée « Le groove qui pue », Le fromage était né. C’est l’histoire des milles flyers envoyés avec un bout de fromage ( du roquefort papillon pour le citer ) à l’intérieur d’un sac plastique . Au bout de 2 ans de soirées un peu partout avec les copains : la Malka Family, Dee Nasty, Pure, Aldo, Bando, Ziza, on s’est dit que ça serait bien de monter un label de funk en France.
Pure avait monté un label de compilation et nous on était pas trop pour ça, même si c’est grâce à ça que BigCheese est né.
Le 3 mars 1993 on a lancé « 12 Tasty Groove ». Ça a été un tremplin pour ramasser un peu d’argent et pouvoir produire les artistes après. Dans la même année on a sorti le premier single de Big Cheese All Star et le premier single de Batu (un groupe disparu mais où il y avait des mecs qui font maintenant de la prod pour Neneh Cherry, un des gars a même monté Stomp…).
Donc dès le départ vous vouliez faire de la production ?
Oui, même à travers nos soirées. Notre but était de produire de la musique pas de faire des compilations. On a fait Disco mobile avec les Malka et d’autres trucs avec Batu (en avril 1993 et dont le single est sorti en septembre 1993 ). En mai 1993, avec Simon qui est batteur, on a fait une rencontre entre ses amis musiciens en Angleterre et les musiciens parisiens, de là est né le premier single des BigCheese All Stars.
D’ou viennent ces noms, BigCheese, Le fromage ??
On était dans ma boutique et on cherchait un nom, j’ai dis la baguette, car on voulait surtout pas un nom comme « whatsup » ou « groove » : on voulait vraiment un nom français et pas américain. J’ai sorti « le fromage » et Simon a ajouté tout de suite « the sticking groove », et on est parti là dessus. Le fromage, le groove qui pue. D’ailleurs dans les premières soirées mon nom de dj c’était Momux de Paris et Simon c’était BigCheese de Londres. Comme on voulait exporter nos disques il nous fallait un nom international, on a pris BigCheese. Mais le nom de la société c’est Le Fromage Production .
Pourrait tu nous parler du contexte ? Aujourd’hui il y a une multitude de labels , était ce le cas au début des années 90 ? Etait ce plus facile de monter un label ?
Non, c’était pas plus facile. Pour ceux d’aujourd’hui c’est même bien plus simple car ils ont eu des papys, qui sont nous, Bando et Aldo (ndlr : Compilations Pure)qui leur ont quand même ouvert plein de portes surtout au niveau de l’export. Même aujourd’hui quand je vois avec qui travaillent les Daf Trax, tous ces labels très très hype : ils ont les mêmes distributeurs qu’on avait à l’époque. Le terrain était très très hostile, les majors ont eu peur de nous.
C’est pour ça qu’en septembre 93 j’étais dans le bureau d’Emmanuel de Burtel qui à l’époque était le patron de Virgin France ( aujourd’hui Virgin Europe ) qui nous a contacté rapidement. Il a senti qu’il y avait un truc qui était en train de naître et qu’il fallait pas que ça échappe aux maisons de disques.
On était en terrain vraiment hostile en France, à l’époque tu vendais 200 vynils : on vendait en Allemagne, aux US, en Italie, au Japon, en Espagne, en Angleterre et en France on vendait rien. Même si pour la première compilation on a quand même fait sur 2 ans d’exploitation, 14 000 disques. Mais dans la première année d’exploitation on a fait quelque chose comme 8000 et 7000 à l’étranger _ et le reste ça a été 500 de main à main et 500 vendus dans les Fnac et Virgin
A l’époque on était distribué par Karamel et ils faisaient un super boulot, Bettino et Xavier se sont battus pour notre label.
Et puis c’est vrai, il y a eu des labels que moi j’ai jamais été trop dans leur trucs comme Yellow , il y a des gens comme Alain qui a une vrai culture musicale _ mais après il y a un truc et tant mieux et grand bien leur fasse, trop economico-politique- marketing _ très vite les majors se sont dis eux « mais alors eux font un VRAI truc plus compliqué à développer », eux ils font un truc plus pour nous.
Et ils ont été plus rapidement vers des labels comme Yellow même si on avait signé une licence en 95 avec Sony pour l’ensemble de notre catalogue. On s’est vite rendu compte que ce qui les intéressait c’était « Quelle aventure »de NoSe et Menelik , et que les BigCheese All Stars, Batu, Schkonk ça ne les intéressait pas. Donc au bout d’un an on s’est séparé à l’amiable et on a récupéré notre catalogue. Mais on était déjà autre part, il y a avait des choses qui s’étaient passé, entre la création du fromage en 91 et 95, on était 8 ou 9, il fallait faire vivre le label, je sentais que tous les employés avaient aussi envie d’oxygène.
Notre erreur a été de vouloir faire grandir ce label pour les artistes pour pouvoir mieux les rémunérer et pour les gens qui travaillaient avec nous. Entre 93 et 95 on a été jusqu’à 11 personnes et il fallait que tout le monde soit payé.
D’ou viennent ces noms, BigCheese, Le fromage ??
On était dans ma boutique et on cherchait un nom, j’ai dis la baguette, car on voulait surtout pas un nom comme « whatsup » ou « groove » : on voulait vraiment un nom français et pas américain. J’ai sorti « le fromage » et Simon a ajouté tout de suite « the sticking groove », et on est parti là dessus. Le fromage, le groove qui pue. D’ailleurs dans les premières soirées mon nom de dj c’était Momux de Paris et Simon c’était BigCheese de Londres. Comme on voulait exporter nos disques il nous fallait un nom international, on a pris BigCheese. Mais le nom de la société c’est Le Fromage Production .
Pourrait tu nous parler du contexte ? Aujourd’hui il y a une multitude de labels , était ce le cas au début des années 90 ? Etait ce plus facile de monter un label ?
Non, c’était pas plus facile. Pour ceux d’aujourd’hui c’est même bien plus simple car ils ont eu des papys, qui sont nous, Bando et Aldo (ndlr : Compilations Pure)qui leur ont quand même ouvert plein de portes surtout au niveau de l’export. Même aujourd’hui quand je vois avec qui travaillent les Daf Trax, tous ces labels très très hype : ils ont les mêmes distributeurs qu’on avait à l’époque. Le terrain était très très hostile, les majors ont eu peur de nous.
C’est pour ça qu’en septembre 93 j’étais dans le bureau d’Emmanuel de Burtel qui à l’époque était le patron de Virgin France ( aujourd’hui Virgin Europe ) qui nous a contacté rapidement. Il a senti qu’il y avait un truc qui était en train de naître et qu’il fallait pas que ça échappe aux maisons de disques.
On était en terrain vraiment hostile en France, à l’époque tu vendais 200 vynils : on vendait en Allemagne, aux US, en Italie, au Japon, en Espagne, en Angleterre et en France on vendait rien. Même si pour la première compilation on a quand même fait sur 2 ans d’exploitation, 14 000 disques. Mais dans la première année d’exploitation on a fait quelque chose comme 8000 et 7000 à l’étranger _ et le reste ça a été 500 de main à main et 500 vendus dans les Fnac et Virgin
A l’époque on était distribué par Karamel et ils faisaient un super boulot, Bettino et Xavier se sont battus pour notre label.
Et puis c’est vrai, il y a eu des labels que moi j’ai jamais été trop dans leur trucs comme Yellow , il y a des gens comme Alain qui a une vrai culture musicale _ mais après il y a un truc et tant mieux et grand bien leur fasse, trop economico-politique- marketing _ très vite les majors se sont dis eux « mais alors eux font un VRAI truc plus compliqué à développer », eux ils font un truc plus pour nous.
Et ils ont été plus rapidement vers des labels comme Yellow même si on avait signé une licence en 95 avec Sony pour l’ensemble de notre catalogue. On s’est vite rendu compte que ce qui les intéressait c’était « Quelle aventure »de NoSe et Menelik , et que les BigCheese All Stars, Batu, Schkonk ça ne les intéressait pas. Donc au bout d’un an on s’est séparé à l’amiable et on a récupéré notre catalogue. Mais on était déjà autre part, il y a avait des choses qui s’étaient passé, entre la création du fromage en 91 et 95, on était 8 ou 9, il fallait faire vivre le label, je sentais que tous les employés avaient aussi envie d’oxygène.
Notre erreur a été de vouloir faire grandir ce label pour les artistes pour pouvoir mieux les rémunérer et pour les gens qui travaillaient avec nous. Entre 93 et 95 on a été jusqu’à 11 personnes et il fallait que tout le monde soit payé.
Comment avez vous rencontré Lazoo, votre dessinateur ?
Elle est extraordinaire cette rencontre : on allait à L’Affiche (ndlr : magazine hip hop dont le rédacteur en chef est Olivier Cachin ) où lui faisait déjà des dessins et c’est Franck Fatalo et sa femme Sophie qui nous ont présenté Lazoo. Elle est anglaise comme Simon et lui a dit « ça serait bien que vous rencontriez Lazoo notre dessinateur ». On leur a répondu que si on pouvait ce serait vraiment un rêve pour nous vraiment car il a l’esprit. Voilà.
Ça a été un travail à trois. Ce n'était pas "il écoutait la musique et faisait un dessin"." Non" : on lui apportait le concept de la pochette, on lui donnait les caractères et lui, donnait vie à ces idées. Par exemple, on voulait que ça dégouline pour le Meltdown, que ça soit classe pour The smoocher …
Vraiment le destin de BigCheese est lié à Lazoo et le destin de Lazoo est lié à BigCheese.
Ça a été un travail à trois. Ce n'était pas "il écoutait la musique et faisait un dessin"." Non" : on lui apportait le concept de la pochette, on lui donnait les caractères et lui, donnait vie à ces idées. Par exemple, on voulait que ça dégouline pour le Meltdown, que ça soit classe pour The smoocher …
Vraiment le destin de BigCheese est lié à Lazoo et le destin de Lazoo est lié à BigCheese.
D’après toi, pourquoi le label a tant marqué les gens ? Il y a plein de compilations sur le marché aujourd’hui, quelqu’un qui écouterait une compilation BigCheese maintenant verrait-il une différence?
Je pense que c’est parce que Simon et moi on était complètement passionnés et on avait rien dans la tête concernant l’appât du gain, une situation sociale ou le développement économique de notre association. Car ce n’était pas une entreprise à la base, ça l’est devenu seulement en 95 quelques mois avant la signature de la licence avec Sony. Quand on a démarré avec Simon, c’était vraiment tout pour le funk et on savait que dans un pays très hermétique à cette musique ça allait être dur.
Non, il n’y a pas plein d’autres compilations : la première compilation 12 Tasty Groove, encore avec toutes les compilations qu’il y a sur le marché, il n’y a pas un mec qui a réussi à me sortir trois titres d’affilée qu’on a mis sur cette compilation. Les mecs sont encore en train de chercher les disques !!
Sur le Smoocher et The Meltdown on a apporté quelque chose qui n’avait jamais été fait : on a commencé à catégoriser. Parce que c’était ça à la base le but : l’éducation des français : culture, culture, culture !
Donc on a essayé de sectoriser : ça c’est le funk rare groove, ça c’est de la sweet soul, de la soul mellow pas la soul comme le on croit en France : Otis Redding, Aretha … La soul qu’on écoute Simon et moi c‘est Donny Hattaway , Leroy Hutson , Curtis Mayfield, énormément Chicago, la Northern soul et les dérivées de la Northern soul. Quand tu regardes ce qui s’est passé dans les années 60 à Chicago et jusqu’où ils sont arrivés, c’est vraiment la représentation pour moi de la soul dans toute sa splendeur, aux États Unis. On passe d’un truc assez rude du genre northern soul à la sweet soul de Leroy Hutson où c’est sucrée à souhait, où t’en peux plus tellement c’est sucré.
Et puis il y a eu le Meltdown qui est quand même la première compilation jazz funk qui tienne réellement la route. On est même allé chercher Shawn Phillips qui faisait du rock et on a réussit à trouver un titre qui était fait par toute la section rythmique des Headhunters.
Pour te dire, on a même coupé le morceau sur un solo de sax rock and roll pour garder cet univers.
Je pense que ce label a été fort car il était fait tout simplement fait par des passionnés et qu’il a une image qui correspond à la musique qu’il y a dans les disques. On s’est toujours battu pour la musique et pour faire connaître ce qu’on aimait via les compilations. Et donner un peu la culture que les Anglais ont depuis toujours mais qu’en France on avait pas. Et puis les gens se sont rendus compte qu’on n’était pas qu’un label à engendrer du fric et à faire une belle image comme Goldmine. Tout notre argent on l’a investit sur des albums. Quand tu vois que l’enregistrement de l’album des BigCheese All Stars a duré deux mois avec dix musiciens excellents qu’il fallait payer car ils sont excellents et ils le savent, dans les plus grands studios londoniens. Les gens se disent : « ces mecs là bluffent pas ».
C’est vrai qu’après 1995-1996 quand Simon a décidé de rentrer en Angleterre ça a été très difficile pour moi de continuer.
Même si j’ai fait The Smoocher is back , une rapacité et Cuisine Moderne , j’étais autre part. La passion n’était plus authentique comme au début. Je pense que c’est ça qui a poussé et puis le fait qu’on se mouille : tous les deux jours on était sur la route à jouer nos disques. J’allais à Rennes, il y a avait trois pèlerins qui écoutaient du rock mais à la fin ils me demandaient mon numéro pour savoir où trouver mes disques !!! C’est juste ça, c’était trop authentique.
Quand et pourquoi le label a disparu ?
Il y a une vérité économique, c’est que Pias a essayé de nous bouffer, (ndlr : petit contentieux actuellement entre big cheese et Pias France ). Mais la base c’est que le cordon ombilical a été coupé : ce sont deux personnes qui ont créé ce truc en 91 et Simon est rentré en Angleterre en 97 et c’est vrai qu’après j’étais un peu comme le loup solitaire qui courait. C ‘est pour ça que j’ai arrêté. On m’a proposé 20 fois de reprendre ce label ou d’en monter un autre. Tous mes amis que ce soit Pal en France, en Angleterre, en Suisse, aux Etats Unis, car j’ai un frère qui vit là bas qui gagne bien sa vie et aurait pu me financer. Mais j’ai rien voulu faire les 12 mois après, je me suis dit : on ferme BigCheese pour l’instant et on verra après. Mais il est évident que le label va revivre .
Il y une rumeur qui tourne en effet … peut on l’affirmer ?
Oui, tu peux l’affirmer : le label va redémarrer dans les 12 à 18 mois (ndlr : l’interview date de juin 2002) et c’est Pal qui va s’occuper de la direction artistique. Évidemment j’ai une grande culture, une grosse collection de disques, aux alentours de 15 000 33t et 7-8000 45t mais je ne me sens plus le jus ; je peux lui un coup de main, lui dire « fait gaffe à ça … », lui donner des conseils. Mais on sent qu’il a envie, qu’il est passionné, aujourd’hui pour moi mon meilleur ministre c’est Pal. Et puis c’est vrai qu’il y a un moment donné où il faut savoir s’arrêter et se dire qu’il y a des gens qui font ça mieux que toi. Même si tu es autant impliqué, tu peux avoir un autre rôle dans le label, parce que tu as plus de hauteur.
Je n’ai rien fait pendant un an et puis on m’a proposé 3 boulots dont celui que j’ai pris ici : directeur artistique dans un petit label qui me correspondait plus qui est V2. J’ai refusé des postes dans des multinationales car le cadre me correspondait moins. Aujourd’hui j’ai beaucoup appris grâce à V2 et je pense pouvoir gérer beaucoup mieux ma structure, mes promos.
Et puis on a aussi arrêté car on gérait très mal notre boite, on était deux passionnés et puis quelqu’un que je n’ai pas cité qui était le gestionnaire de cette boite. Mon ami, Frederic Moyal, le coordinateur administratif de BigCheese. Il travaillait avec deux fous passionnés qui dès qu’ils recevaient de l’argent voulait partir aux Etats Unis acheter d’autres disques, rencontrer les musiciens. J’ai rencontré Porter le bassiste des Meters, on a pratiquement fait un disque ensemble. Mais après son agent a commencé à bidouiller des trucs on s’est dit, « nan c’est trop gros on le fait pas ». Fred, lui, il a fait tout ce qu’il pouvait avec ces deux fous.
Non, il n’y a pas plein d’autres compilations : la première compilation 12 Tasty Groove, encore avec toutes les compilations qu’il y a sur le marché, il n’y a pas un mec qui a réussi à me sortir trois titres d’affilée qu’on a mis sur cette compilation. Les mecs sont encore en train de chercher les disques !!
Sur le Smoocher et The Meltdown on a apporté quelque chose qui n’avait jamais été fait : on a commencé à catégoriser. Parce que c’était ça à la base le but : l’éducation des français : culture, culture, culture !
Donc on a essayé de sectoriser : ça c’est le funk rare groove, ça c’est de la sweet soul, de la soul mellow pas la soul comme le on croit en France : Otis Redding, Aretha … La soul qu’on écoute Simon et moi c‘est Donny Hattaway , Leroy Hutson , Curtis Mayfield, énormément Chicago, la Northern soul et les dérivées de la Northern soul. Quand tu regardes ce qui s’est passé dans les années 60 à Chicago et jusqu’où ils sont arrivés, c’est vraiment la représentation pour moi de la soul dans toute sa splendeur, aux États Unis. On passe d’un truc assez rude du genre northern soul à la sweet soul de Leroy Hutson où c’est sucrée à souhait, où t’en peux plus tellement c’est sucré.
Et puis il y a eu le Meltdown qui est quand même la première compilation jazz funk qui tienne réellement la route. On est même allé chercher Shawn Phillips qui faisait du rock et on a réussit à trouver un titre qui était fait par toute la section rythmique des Headhunters.
Pour te dire, on a même coupé le morceau sur un solo de sax rock and roll pour garder cet univers.
Je pense que ce label a été fort car il était fait tout simplement fait par des passionnés et qu’il a une image qui correspond à la musique qu’il y a dans les disques. On s’est toujours battu pour la musique et pour faire connaître ce qu’on aimait via les compilations. Et donner un peu la culture que les Anglais ont depuis toujours mais qu’en France on avait pas. Et puis les gens se sont rendus compte qu’on n’était pas qu’un label à engendrer du fric et à faire une belle image comme Goldmine. Tout notre argent on l’a investit sur des albums. Quand tu vois que l’enregistrement de l’album des BigCheese All Stars a duré deux mois avec dix musiciens excellents qu’il fallait payer car ils sont excellents et ils le savent, dans les plus grands studios londoniens. Les gens se disent : « ces mecs là bluffent pas ».
C’est vrai qu’après 1995-1996 quand Simon a décidé de rentrer en Angleterre ça a été très difficile pour moi de continuer.
Même si j’ai fait The Smoocher is back , une rapacité et Cuisine Moderne , j’étais autre part. La passion n’était plus authentique comme au début. Je pense que c’est ça qui a poussé et puis le fait qu’on se mouille : tous les deux jours on était sur la route à jouer nos disques. J’allais à Rennes, il y a avait trois pèlerins qui écoutaient du rock mais à la fin ils me demandaient mon numéro pour savoir où trouver mes disques !!! C’est juste ça, c’était trop authentique.
Quand et pourquoi le label a disparu ?
Il y a une vérité économique, c’est que Pias a essayé de nous bouffer, (ndlr : petit contentieux actuellement entre big cheese et Pias France ). Mais la base c’est que le cordon ombilical a été coupé : ce sont deux personnes qui ont créé ce truc en 91 et Simon est rentré en Angleterre en 97 et c’est vrai qu’après j’étais un peu comme le loup solitaire qui courait. C ‘est pour ça que j’ai arrêté. On m’a proposé 20 fois de reprendre ce label ou d’en monter un autre. Tous mes amis que ce soit Pal en France, en Angleterre, en Suisse, aux Etats Unis, car j’ai un frère qui vit là bas qui gagne bien sa vie et aurait pu me financer. Mais j’ai rien voulu faire les 12 mois après, je me suis dit : on ferme BigCheese pour l’instant et on verra après. Mais il est évident que le label va revivre .
Il y une rumeur qui tourne en effet … peut on l’affirmer ?
Oui, tu peux l’affirmer : le label va redémarrer dans les 12 à 18 mois (ndlr : l’interview date de juin 2002) et c’est Pal qui va s’occuper de la direction artistique. Évidemment j’ai une grande culture, une grosse collection de disques, aux alentours de 15 000 33t et 7-8000 45t mais je ne me sens plus le jus ; je peux lui un coup de main, lui dire « fait gaffe à ça … », lui donner des conseils. Mais on sent qu’il a envie, qu’il est passionné, aujourd’hui pour moi mon meilleur ministre c’est Pal. Et puis c’est vrai qu’il y a un moment donné où il faut savoir s’arrêter et se dire qu’il y a des gens qui font ça mieux que toi. Même si tu es autant impliqué, tu peux avoir un autre rôle dans le label, parce que tu as plus de hauteur.
Je n’ai rien fait pendant un an et puis on m’a proposé 3 boulots dont celui que j’ai pris ici : directeur artistique dans un petit label qui me correspondait plus qui est V2. J’ai refusé des postes dans des multinationales car le cadre me correspondait moins. Aujourd’hui j’ai beaucoup appris grâce à V2 et je pense pouvoir gérer beaucoup mieux ma structure, mes promos.
Et puis on a aussi arrêté car on gérait très mal notre boite, on était deux passionnés et puis quelqu’un que je n’ai pas cité qui était le gestionnaire de cette boite. Mon ami, Frederic Moyal, le coordinateur administratif de BigCheese. Il travaillait avec deux fous passionnés qui dès qu’ils recevaient de l’argent voulait partir aux Etats Unis acheter d’autres disques, rencontrer les musiciens. J’ai rencontré Porter le bassiste des Meters, on a pratiquement fait un disque ensemble. Mais après son agent a commencé à bidouiller des trucs on s’est dit, « nan c’est trop gros on le fait pas ». Fred, lui, il a fait tout ce qu’il pouvait avec ces deux fous.
Que sont devenus les autres membres du label ? Je pense à ton frère Ziza qui a monté Superclasse, François Gonzalez qui a crée Follow Me.
Qu’on remette les choses à leur place premièrement : les membres et créateurs de BigCheese sont Simon et moi-même, ensuite il y a une troisième personne qui vient se greffer qui s’appelle Frédéric Moyal, qui était administrateur, conseiller financier (il faisait toutes les démarches bancaires administratives, demande de subvention, etc..). Donc ça c’est le corps de BigCheese. Après il y a des gens comme Lazoo , qui fait partie intégrante de BigCheese, même si c’est un électron libre. Ensuite il y a avait des gens comme Laurent Aïello qui était notre infographiste, qui aujourd’hui travaille dans la pub. Après entre 93 et 95, quand on a démarré avec Sony, on s’est dit que peut être qu’avec les moyens qu’on avait on pouvait donner la chance à ceux qui aiment la musique, pour s’occuper de la distribution. Donc Ziza est arrivé, mon petit frère, qui a aujourd’hui Superclasse. Julien, son ami a aujourd’hui un glacier sur la rue Oberkampf et puis François Gonzalez qui est aujourd’hui dans Follow Me . Un label dont je ne suis pas très fan d’ailleurs, c’est pas trop mon trip. Attention je n’ai rien contre François, c’est le label.
Je préfère de très loin, un mec comme Pal qui se démerde avec, je vais dire franchement, « sa bite et son couteau. », qui fait ses 45 tours Bag’ o ‘groove qui apportent vraiment quelque chose car on ne les avait jamais écouté. Ou Strut qui font un truc assez classe, c’est joli.
Même des labels avec de la musique un peu plus jeune comme Compost qui font des trucs géniaux en Brésil. Quand c’est ça, je supporte à 100%. Quand c’est juste pour faire une compilation et faire un peu de blé, je ne vois pas trop ce que ça apporte.
Mais mon disque préféré de big cheese c’est « The smoocher is back ».
Quel regard portes-tu sur les labels spécialisés funk ? Quel est le meilleur selon toi ?
En France, il y a pas un label pendant 3 ou 4 ans de travail qui ait donné quelque chose d’aussi fort et vrai que BigCheese, pas parce que j’étais dedans, c’est juste une constatation. Aujourd’hui c’est vrai que je fais mon travail de directeur artistique avec beaucoup d’entrain mais beaucoup moins de passion que dans BigCheese. C’est vrai qu’aujourd’hui citer un label label funk qui me ferait rêver y’en a pas… Même si y’en a que je respecte comme Comet ou Superclasse, qui font un très bon travail. Il y a aussi un certain travail que je respecte chez les gens de Strut, mais je trouve que c’est trop bien organisé, c’est pas le funk ça ; le funk c’est le bordel ! Le funk c’est le mung : le premier titre qu’on a produit des BigCheese All Stars. C’est entre le fromage coulant et ce que secrète une jeune demoiselle quand il fait chaud. C’est ça le funk.
A l’époque le funk c’était rien d’autre qu’une musique où Sly Stone a mis un beat ( en avant ) dans « Dance to the Musi c » et James Brown a dit c’est moi l’inventeur du funk. Alors que c’était Sly stone, en 1967, soit trois ans avant. Tandis que le premier titre funk de James c’est « The chicken » sur l’album Popcorn . Après c’est rien d’autre que du jam, avec un beat et où les mecs s’éclatent. Et où Il y a pas le truc structuré. Je trouve qu’aujourd’hui le côté classe ça nous bouffe l’univers du funk, c’était pas ça. Si tu regardes les pochettes de 60 à 80, c’était pas ça. Ça a commencé à devenir ça quand l’industrie du disque s’est intéressée au funk, qu’elle en a fait du disco et qu’elle a tué le funk. Voilà.
Pour le moi le funk aujourd’hui c’est un mec comme Raphael Saddiq, j’adore ce mec. Le funk est en train de revivre comme ça, on est passé par le hip hop , le sample etc et là c’est en train de revivre depuis le premier album de D'Angelo. C’est du funk avec un peu de soul, de jazz, avec ce beat sur le temps. Je serais plus pour ça que pour un label de rééditions. J’achète quasiment pas de compilations donc je peux pas juger mais un label que je veux absolument citer c’est Bag’o’groove, qui est un super petit label. J’aimais aussi à une époque ce que Bando faisait avec Desco .
Tiens à ce propos vous avez récupérez son catalogue non ?
Oui c’était en 1997.
Est-ce que tu crois qu’il y a un marché en France pour le funk ? Est-ce que ça peut aller mieux, rivaliser avec l’Angleterre ?
Bon déjà, si les gens qui l’aiment n’y croient pas, on ira nulle part. Mais il y a une chose qui est certaine, c’est qu’on a pas la même culture que les Anglo-saxons. A 10 ans, la prof de musique elle ne leur fait pas écouter Schubert mais Coltrane, Parker, Davis. Ce sont eux qui ont fait le funk. On ne rattrapera jamais les Anglais, mais c’est pas une question de rattrapage c’est une question de passion. J’pense que plus il y a de gens comme toi, jeunes qui aiment cette musique, qui ont envie de la défendre, plus il y a de gens qui vont en parler comme on l’a fait avec beaucoup d’engouement pendant 6 ou 8 ans avec BigCheese ( les gens l’ont encore dans la tête, j’ai croisé un mec de 14 ans récemment qui, quand il a su que je faisais partie du label, a commencé à me parler des titres du Meltdown, du Smoocher. Je me suis dit « non c’est pas possible ! Ça fait dix ans qu’on a arrêté le truc ! » ) et ça continuera. On avait besoin de ça, on a besoin de trucs comme vous, on a besoin que ça continue, que l’information continue à passer. Et votre site fait un super boulot, je l’aime vraiment beaucoup.
Merci..
Non mais c’est vrai. Parce que le vrai manque qu’on a en France c’est un manque d’informations. On peut pas écouter, les mecs qu ont des collections ils veulent pas partager, ils veulent pas faire voir leurs disques. Notre mentalité c’est absolument pas celle des anglais. Ils ont un goût certain pour cette musique, en France aussi, mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes, on a pas les mêmes oreilles. On a pas la même culture musicale et c’est très important pour nous français (et d’origine puisque je le suis). Tous les gens qui aiment le funk faut qu’on continue à jouer, à rencontrer des gens comme toi qui diffusent l’information. A faire ce travail, que je fais de manière plus sporadique car j’ai des obligations. J’ai eu une période de dépression et de déprime vis à vis du funk en France, je trouvais que c’était très « éphémère », tout le monde a voulu s’accaparer le funk. Aujourd’hui le funk c’est à toutes les sauces, ça veut plus rien dire. Les gens préfèrent la facilité et ils s’arrêtent à un truc, pour eux Bob Sinclar c’est funk.
Tant que des mecs continueront à jouer cette musique, à chercher des disques, ça vivra. C’est parce que j’ai 15000 disques chez moi que je mets tout le monde à l’amende. Ce n’est pas vrai, ma collection n’est pas terminée. Si je prends l’exemple de Pal, il a des disques que je n’ai pas et inversement. Il en a 1000-1500 mais sur ceux là il y en a 100, 150 que j’ai pas et j’étais comme un fou quand Pal me les a fait découvrir. Et c’est pareil pour lui.
La musique c’est comme l’être humain, il n’y en a qu’un mais faut absolument garder ses différences, nous on a le droit d’écouter du funk, les autres ont le droit d’écouter Céline Dion.
Il est regrettable qu’en France on s ‘arrête à Marvin Gaye alors qu’il y a Donny Hattaway qui sur chaque titre me fait presque pleurer, en tout cas il crispe mon cœur. C’est un mec qui a une vie extraordinaire, il crée un hôpital et se fait tuer par la mafia noire de Harlem parce qu’ il essayait justement de passer l’information.
Il faut continuer, c’est tout.
Je préfère de très loin, un mec comme Pal qui se démerde avec, je vais dire franchement, « sa bite et son couteau. », qui fait ses 45 tours Bag’ o ‘groove qui apportent vraiment quelque chose car on ne les avait jamais écouté. Ou Strut qui font un truc assez classe, c’est joli.
Même des labels avec de la musique un peu plus jeune comme Compost qui font des trucs géniaux en Brésil. Quand c’est ça, je supporte à 100%. Quand c’est juste pour faire une compilation et faire un peu de blé, je ne vois pas trop ce que ça apporte.
Mais mon disque préféré de big cheese c’est « The smoocher is back ».
Quel regard portes-tu sur les labels spécialisés funk ? Quel est le meilleur selon toi ?
En France, il y a pas un label pendant 3 ou 4 ans de travail qui ait donné quelque chose d’aussi fort et vrai que BigCheese, pas parce que j’étais dedans, c’est juste une constatation. Aujourd’hui c’est vrai que je fais mon travail de directeur artistique avec beaucoup d’entrain mais beaucoup moins de passion que dans BigCheese. C’est vrai qu’aujourd’hui citer un label label funk qui me ferait rêver y’en a pas… Même si y’en a que je respecte comme Comet ou Superclasse, qui font un très bon travail. Il y a aussi un certain travail que je respecte chez les gens de Strut, mais je trouve que c’est trop bien organisé, c’est pas le funk ça ; le funk c’est le bordel ! Le funk c’est le mung : le premier titre qu’on a produit des BigCheese All Stars. C’est entre le fromage coulant et ce que secrète une jeune demoiselle quand il fait chaud. C’est ça le funk.
A l’époque le funk c’était rien d’autre qu’une musique où Sly Stone a mis un beat ( en avant ) dans « Dance to the Musi c » et James Brown a dit c’est moi l’inventeur du funk. Alors que c’était Sly stone, en 1967, soit trois ans avant. Tandis que le premier titre funk de James c’est « The chicken » sur l’album Popcorn . Après c’est rien d’autre que du jam, avec un beat et où les mecs s’éclatent. Et où Il y a pas le truc structuré. Je trouve qu’aujourd’hui le côté classe ça nous bouffe l’univers du funk, c’était pas ça. Si tu regardes les pochettes de 60 à 80, c’était pas ça. Ça a commencé à devenir ça quand l’industrie du disque s’est intéressée au funk, qu’elle en a fait du disco et qu’elle a tué le funk. Voilà.
Pour le moi le funk aujourd’hui c’est un mec comme Raphael Saddiq, j’adore ce mec. Le funk est en train de revivre comme ça, on est passé par le hip hop , le sample etc et là c’est en train de revivre depuis le premier album de D'Angelo. C’est du funk avec un peu de soul, de jazz, avec ce beat sur le temps. Je serais plus pour ça que pour un label de rééditions. J’achète quasiment pas de compilations donc je peux pas juger mais un label que je veux absolument citer c’est Bag’o’groove, qui est un super petit label. J’aimais aussi à une époque ce que Bando faisait avec Desco .
Tiens à ce propos vous avez récupérez son catalogue non ?
Oui c’était en 1997.
Est-ce que tu crois qu’il y a un marché en France pour le funk ? Est-ce que ça peut aller mieux, rivaliser avec l’Angleterre ?
Bon déjà, si les gens qui l’aiment n’y croient pas, on ira nulle part. Mais il y a une chose qui est certaine, c’est qu’on a pas la même culture que les Anglo-saxons. A 10 ans, la prof de musique elle ne leur fait pas écouter Schubert mais Coltrane, Parker, Davis. Ce sont eux qui ont fait le funk. On ne rattrapera jamais les Anglais, mais c’est pas une question de rattrapage c’est une question de passion. J’pense que plus il y a de gens comme toi, jeunes qui aiment cette musique, qui ont envie de la défendre, plus il y a de gens qui vont en parler comme on l’a fait avec beaucoup d’engouement pendant 6 ou 8 ans avec BigCheese ( les gens l’ont encore dans la tête, j’ai croisé un mec de 14 ans récemment qui, quand il a su que je faisais partie du label, a commencé à me parler des titres du Meltdown, du Smoocher. Je me suis dit « non c’est pas possible ! Ça fait dix ans qu’on a arrêté le truc ! » ) et ça continuera. On avait besoin de ça, on a besoin de trucs comme vous, on a besoin que ça continue, que l’information continue à passer. Et votre site fait un super boulot, je l’aime vraiment beaucoup.
Merci..
Non mais c’est vrai. Parce que le vrai manque qu’on a en France c’est un manque d’informations. On peut pas écouter, les mecs qu ont des collections ils veulent pas partager, ils veulent pas faire voir leurs disques. Notre mentalité c’est absolument pas celle des anglais. Ils ont un goût certain pour cette musique, en France aussi, mais ce ne sont pas tout à fait les mêmes, on a pas les mêmes oreilles. On a pas la même culture musicale et c’est très important pour nous français (et d’origine puisque je le suis). Tous les gens qui aiment le funk faut qu’on continue à jouer, à rencontrer des gens comme toi qui diffusent l’information. A faire ce travail, que je fais de manière plus sporadique car j’ai des obligations. J’ai eu une période de dépression et de déprime vis à vis du funk en France, je trouvais que c’était très « éphémère », tout le monde a voulu s’accaparer le funk. Aujourd’hui le funk c’est à toutes les sauces, ça veut plus rien dire. Les gens préfèrent la facilité et ils s’arrêtent à un truc, pour eux Bob Sinclar c’est funk.
Tant que des mecs continueront à jouer cette musique, à chercher des disques, ça vivra. C’est parce que j’ai 15000 disques chez moi que je mets tout le monde à l’amende. Ce n’est pas vrai, ma collection n’est pas terminée. Si je prends l’exemple de Pal, il a des disques que je n’ai pas et inversement. Il en a 1000-1500 mais sur ceux là il y en a 100, 150 que j’ai pas et j’étais comme un fou quand Pal me les a fait découvrir. Et c’est pareil pour lui.
La musique c’est comme l’être humain, il n’y en a qu’un mais faut absolument garder ses différences, nous on a le droit d’écouter du funk, les autres ont le droit d’écouter Céline Dion.
Il est regrettable qu’en France on s ‘arrête à Marvin Gaye alors qu’il y a Donny Hattaway qui sur chaque titre me fait presque pleurer, en tout cas il crispe mon cœur. C’est un mec qui a une vie extraordinaire, il crée un hôpital et se fait tuer par la mafia noire de Harlem parce qu’ il essayait justement de passer l’information.
Il faut continuer, c’est tout.
Pourquoi avoir fait des soirées aux Bains Douches, c'est pas réputé pour être funky cet endroit ?
Tout d’abord on pouvait jouer tout ce qu’on voulait et puis David Guetta et un mec super sympa. Il m’a appelé et m’a proposé de venir. Ceci dit on a jamais voulu jouer en bas. Pour nous c’était une salle avant tout. Mais bon on a quand même Spike Lee qui est venu choisir des disques. Mais ce n’était plus la grande période des soirées BigCheese, c’était en 91 et 93 avec le fromage qui pue. En 93, il y a eu un gouvernement de droite avec Charles Pasqua qui a fermé tous les endroits un peu alternatifs, on n’a plus trouvé de salle, alors quand 2 ans plus tard il y a un mec qui te propose moi je dis oui.
Le mec qui ouvre le frigo sur the menu, c’est toi ?
Il y a des rumeurs qui disent que c’est moi, ou alors celui de "Cuisine moderne". Peut être que Lazoo a été inspiré mais je n’ai pas posé pour lui, il avait plutôt Fred Wesley dans la tête. Après la légende moi je la laisse.
Une autre rumeur : les compilations Funk Fu, c’est toi ?
Oui et il va y en avoir d’autres : Fu d’amour … c’est un trip qu’on a eu Simon et moi, de se dire qu’on est encore là, faisons un dernier disque de bonne facture. Même si on ne s’est pas trop pris la tête sur le son et qu’on a changé de graphisme avec un truc très cru.
Le petit collectif de distributeurs que vous aviez était exceptionnel , Vital , Pias Comment s’est il monté ?
On a commencé le réseau avec Karamel en France, puis en Suisse avec Sound service, Piano de High Tempo en Italie. Aux Etats Unis on était distribué grâce à Didier, un jeune français et via Cargo implanté au Canada. Au Mexique, au Japon on vendait à travers Stock Link. On était plein de petits indépendants, qui faisait la distribution dans leur pays comme nous on pouvait la faire pour eux.
Comme on voyageait en temps que Dj on a rencontré les gens comme ça. Tous étaient des amis, vous nous distribuez et on vous distribue, on fait venir les dj's.
On avait des bons disques aussi : on a fait 25000 « The Meltdown » et 30000 « The smoocher ». ( en comparaison, la Funk Fu, on a vendu 4500 en France et 3500 à l’étranger pour 3 titres très rares ).
Ça s’est fait autour de gens passionnés, mais ça aujourd’hui ça n’existe pas, il y a trop de marketing sur le funk. C’est pour ça qu’aujourd’hui j’ai pas encore trop démarré même si il y a Pal qui me pousse au cul car avant de se lancer il faut avoir ce network de personnes passionnées.
Momo dj ?
Je le revendique : je ne suis pas un super bon Dj !! Mais par contre ma sélection fait danser tous les gens et c’est ce qui compte pour moi. Ce qui est important ce n’est pas de faire le meilleur mix du monde mais de passer la musique que j’aime, que potentiellement les gens vont apprécier et qu’il va y avoir une interactivité entre nous. Si mes cuts ne sont pas super beaux, c’est que je m’en fous. C’est toujours ce que j’ai prôné à Pal qui me dit « mais dis donc, tu pourrais faire un effort, tu peux mixer super bien » mais je lui réponds « ç a c’est toi qui voit comme ça, je le vois pas comme ça, mon truc c’est intuitif, tu mets un disque puis un autre » ; et il faut arriver évidemment à trouver le bon moment pour mettre l’autre même si c’est pas mixé dans le beat et que c’est mixé dans le son c’est le principal. C’est ce qui s’est passé avec Simon, on a vraiment pendant 4 ans joué partout, on est même allé au « New music seminar » de New York ; on a joué devant 8000 personnes avant Galliano. On est aussi allé dans des banlieux pourries de Miami, en Angleterre, en Suisse (où le public a une culture musicale étoffée).
Et des groupes français y’en aurait à produire ?
Question piège… je vais de temps en temps aux concerts, mais aucun groupe à produire. Il y a une scène, qui peut être très intéressante si il y a mélange avec le hip hop ou d’autres beats. Je prends l’exemple de ce jeune nantais, Sylvain qui a un groupe qui s’appelle Hocus Pocus, qui est très bien. Mais dans le funk pur et dur, non !
Si on remontait un groupe de funk avec BigCheese, il est évident que je repartirais sur un All Stars. J’irais aussi bien chercher un flûtiste en Allemagne, un batteur en Angleterre , un bassiste en France, qu’un clavier en Italie. Il y a aura toujours un ou deux du groupe de base, d’ailleurs c’est pour pouvoir toujours rebondir qu’on l’a appelé le All Stars et ne pas être enfermé dans un groupe.
Tu vois encore les anciens all stars ?
Oui
Le nouveau Big Cheese, ça donne quoi ?
On va démarrer en faisant une structure légère, il y a aura Pal , un directeur financier et moi, et bien sur Simon depuis l’Angleterre, on peut pas faire sans lui. Ensuite si on produit les All Stars, on va choisir les 2, 3 mecs qui vont écrire les titres. J’aimerais beaucoup que Luke (Williamson) soit là pour les arrangements et les compositions et Charlie Tate à la basse. Après on brodera.
On veut revenir assez fat, pas comme un petit label.
Un mot à ajouter ?
J’espère que le funk va rester vivant, avec des gens comme vous il va rester vivant c’est sur. Cette scène est hyper importante pour la jovialité de tous les jours. C’est une musique très joviale, sans prétention. Et je trouve que justement aujourd’hui, les gens qui la font sont très prétentieux, que ce sont des collectionneurs de disques très minutieux et très hautain vis à vis des jeunes qui démarrent et qui essayent de comprendre et de savoir. Aujourd’hui j’ai très peu de compassion envers ceux là alors que j’ai beaucoup de compassion et j’ai envie d’aller vers les autres, les jeunes qui font des choses et qui se démènent.
Big Up à Fred Moyal mon pote qui a eu du mal à installer le funk vers Bordeaux, il a monté un bar et fait descendre pas mal de monde
Big Up à Simon, qui est toujours aussi passionné même si aujourd’hui il est banquier
Big Up à Pal, à mon petit frère Ziza et à tous ceux qui ont continué à faire vivre le truc pendant qu’on était absent ( même si on était toujours là quelque part) … et vive le funk !!
Big Up à Edwina, Catherine, Julien, François G., François D., Lolo et tous ceux de l’équipe.
La question la plus dure, si tu devais emporter 10 disques avec toi…
1 Donny Hathaway Extensions of a man
2 Marvin Gaye What’s going on ( la version deluxe en cd )
3 Meters, les 3 albums sur Josie
4 Sly Stone There's a riot goin' on
5 Leroy Hutson II
6 Miles Davis Water Babies
7 Herbie Hancock Headhunters
8 The smoocher
9 The Smoocher is back
10 Premier album de Notorious Big
11 Stevie Wonder Songs in a keys of life
12 The Lovelettes
1 Donny Hathaway Extensions of a man
2 Marvin Gaye What’s going on ( la version deluxe en cd )
3 Meters, les 3 albums sur Josie
4 Sly Stone There's a riot goin' on
5 Leroy Hutson II
6 Miles Davis Water Babies
7 Herbie Hancock Headhunters
8 The smoocher
9 The Smoocher is back
10 Premier album de Notorious Big
11 Stevie Wonder Songs in a keys of life
12 The Lovelettes