Interview d'Eddie Roberts (The New Mastersounds)

Samedi 1 Juillet 2006

Quelques heures avant le premier concert parisien des New Mastersounds, nous avons rencontré leur leader, Eddie Roberts. En toute simplicité, il évoque tous les aspects de son travail, de l'écriture à la distribution, avec toujours le plaisir et l'amour de la musique.


Kzimir : Les New Mastersounds existent maintenant depuis sept ans. Comment le groupe est-il né?

Eddie Roberts : J’ai formé le groupe parce que j’organisais une soirée dans un club de Leeds appelé le Coca. La soirée a déménagé et le club qui nous accueillait s’étalait sur trois étages, le dernier disposant d’une scène. On a eu l’idée de former un groupe qui pourrait se produire là tous les vendredi soirs et jouer le style de musique qu’on aimait. Notre principale inspiration à cette époque était le son des Meters et des débuts du funk.. On a commencé à jouer et on a enchaîné sans interruption pendant trois ans, tous les vendredis. Mais avant les New Mastersounds, il y a eu un groupe appelé les Mastersounds, avec des musiciens différents. Là encore, l’idée était de jouer lors de la soirée que j’organisais à Leeds. Tous les groupes auxquels j’ai participé tournaient autour de ce concept, car il y a toujours eu une très bonne scène à Leeds.


Interview d'Eddie Roberts (The New Mastersounds)
Kz : Le groupe revendique des influences très variées, depuis Jimi Hendrix jusqu’au Funk, à la Soul ou au Jazz. Est-ce que ce sont des influences communes ou plutôt un melting pot des influences de chacun ?

E. R. : Cela vient plutôt du fait que tous les membres du groupe viennent d’horizons différents. Bien sûr on a tous en commun l’amour du Funk et de la Soul, mais individuellement on a nos influences propres. Personnellement j’ai un background plutôt Jazz car je m’y suis intéressé très jeune, mais en même temps, j’ai aussi beaucoup écouté Hendrix. C’est surtout moi qui apporte cette influence, mais Simon, notre batteur, est aussi un grand fan de Mitch Mitchell, le batteur du Jimi Hendrix Experience et leurs styles se ressemblent un peu. Bob, notre organiste, a des racines proches des miennes. Il adore le jazz sixties, le boogaloo et ce genre de choses. Pete, notre bassiste, vient plutôt du reggae et il a aussi joué dans des groupes de punk rock. Comme il est plus âgé, il a commencé à collectionner les disques de Funk à l’époque de leur sortie.

Kz : Au début de votre carrière vous avez reçu le soutien des DJ de la scène rare groove et deep funk comme Snowboy ou Keb Darge. Comment s’est fait le lien avec eux ?

E.R. : Un groupe de DJ appelé « The Big Family » participait à la soirée que j’organisais à Leeds. Ce sont de très bons amis de Snowboy et on avait aussi fait venir Keb Darge pour mixer à Leeds. Mais la rencontre avec le groupe a eu lieu après la sortie de notre premier titre, One note Brown. Le Jazz Café de Londres avait organisé une soirée avec un concert des New Mastersounds et Keb aux platines. Keb adorait le morceau et à la fin de la soirée il nous a dit « Ok, c’est bon, il faut qu’on fasse un album ! ».

Kz : Est-ce que la rencontre avec Keb et avec les autres DJ autour de lui a influencé votre premier album, qui s’inspire beaucoup du funk début 70s ?

E. R. : Personnellement, j’étais déjà vraiment accro à ce son. J’aimais beaucoup les compilations sorties par Keb et notre soirée à Leeds était essentiellement axée deep funk. Mais c’est vrai que le premier album a été fait sur mesure pour Keb, qui était producteur exécutif. Il venait au studio, on jouait le morceau et il disait [imitant l’accent de Keb Darge] : « Ok, la même en plus rapide ! ». A chaque fois « La même en plus rapide et en plus court ! ». L’album a été vraiment conçu comme ça. Pendant qu’on jouait, Keb fermait les yeux et imaginait l’effet du morceau sur le dancefloor… « La même en plus rapide ! »[rires]


Interview d'Eddie Roberts (The New Mastersounds)
Kz : Dans les albums suivants, vous vous êtes rapprochés d’influences soul-jazz. Etait-ce un choix ou est-ce que ce son s’est imposé inconsciemment ?

E.R. : En fait, c’est plutôt l’inverse. Le premier album découlait d’un choix très précis, de notre volonté avec Keb de produire un style bien défini. Les albums suivants correspondent plus au son naturel du groupe. C’est la musique qui nous vient spontanément, quand on joue sans direction particulière et que toutes nos influences soul-jazz ressortent naturellement.

Kz : Peux-tu nous expliquer comment vous travaillez, qui fait quoi, etc.

E.R. : Je fais l’essentiel du travail de composition. J’essaie de trouver l’inspiration générale pour le morceau, le riff de guitare, une idée de ligne de basse ou d’arrangement. En général on réserve le studio pour deux jours, je propose mes différentes idées pour chaque morceau et on commence à jouer. On peut jouer un morceau pendant deux heures, en expérimentant sur les arrangements. Pete apporte son idée pour la basse, Simon donne sa vision de la batterie, etc. Tout le monde met la main à la pâte. J’écris les morceaux mais ils ne sont jamais définitifs. Je ne dis pas c’est comme ci, c’est comme ça, parce que je sais qu’ils vont apporter leur petite touche. Pour tous nos albums, l’essentiel du travail s’est fait au moment de l’enregistrement. En général quand on arrive en studio on a encore jamais joué les morceaux. D’ailleurs, la finalisation de la production et du mixage, il faut que je donne des copies aux autres. Je leur dis « voilà les morceaux, il faut qu’on les apprenne » mais eux ne se rappellent même pas les avoir joués. [rires]

Kz : Comment définirais-tu le « son naturel » des New Mastersounds dont tu parlais tout à l’heure ?

E.R. : C’est vraiment difficile pour moi parce que je suis totalement impliqué dans la musique. Souvent lorsqu’on réécoute nos morceaux tous ensemble on se regarde en se demandant « c’est quoi cette musique ? C’est du funk ? Du jazz ? Aucune idée… » On préfère demander à quelqu’un d’autre de nous dire à quoi ça ressemble. Mais chacun y voit des choses différentes.
C’est clair que je suis influencé par un son « hard funk » et par toutes les productions soul-jazz, mais ce que j’aime c’est simplement faire la musique qui me vient spontanément et la produire d’une façon qui me plaise.
A ce moment de l’interview, signalons l’intervention haute en couleurs d’un SDF quelque peu agité, désireux d’en découdre avec notre ami Eddie au prétexte de ses origines allemandes (sic). Heureusement, les menaces ne furent pas suivies d’effets mais gageons que l’épisode restera dans l’esprit de notre invité comme un bon exemple de convivialité typiquement parisienne. Reprenons…


Interview d'Eddie Roberts (The New Mastersounds)
Kz : Tu a aussi mené à bien un projet solo avec l’album Roughneck. Quel était le concept ?

E.R. : Tout a commencé par une conversation avec Adrian Gibson le programmateur du Jazz Café, après un concert des New Mastersounds. J’étais très fan de Hard Bop et de ce qu’on appelle en Angleterre la scène Jazz Dance. Adrian m’a demandé si je n’avais jamais eu envie de jouer du jazz ou du Hard Bop en y mettant quelques influences funk pour le doper un peu. Et de fait j’y pensais de plus en plus. On a beaucoup discuté et il m’a proposé de faire un morceau pour une compilation qu’il préparait à cette époque. L’idée a fait son chemin dans ma tête et j’ai commencé à réfléchir, à écrire de morceaux, en me disant que je les enregistrerai de manière à pouvoir aussi les remixer. Le premier morceau qu’on a enregistré s’appelait « Diggin’ around ». Le titre reprenait le nom de la soirée d’Adrian le samedi, « Messin’ Around », et celui de notre soirée à Leeds, « Dig ». La compilation n’est jamais sortie mais c’est ce qui m’a mis le pied à l’étrier pour ce projet. Je suis allé en studio pour enregistrer une série de morceaux Hard Bop. Pendant un an, je les ai triturées, remixés, mais je ne savais plus trop quoi en faire. Adrian les aimait beaucoup, il me poussait à les sortir alors que personnellement j’étais un peu à court d’énergie sur ce projet. En parallèle on avait fondé One Note Records et les autres membres du groupe étaient d’accord pour que je finisse l’album et qu’on le sorte sur notre label. Je suis retourné en studio quelques jours pour enregistrer d’autres morceaux et trois mois plus tard l’album sortait.

Kz : Et tu as aussi une résidence avec ce projet à Leeds…

E.R. : L’album Roughneck a été bouclé il y a deux ans et demi maintenant, mais au départ il n’y avait pas de groupe. C’était avant tout un projet studio et on n’avait pas joué en live. Quand le label français Le Maquis a signé l’album, je me suis dit qu’il fallait amener cette musique sur scène. J’ai donc commencé à travailler avec un nouveau pianiste, qui ne jouait pas sur l’album, et avec une nouvelle section rythmique. Il y a eu un vrai déclic, ça fonctionnait super bien, ce qui nous a encouragé à bosser ensemble. Enfin, on a intégré Malcolm, qui était le trompettiste des Mastersounds. Notre premier concert c’était en octobre, au Tryptique, pour le lancement de l’album. Et depuis on joue toutes les semaines à Leeds.
On travaille sur des nouveaux morceaux et on essaye de développer le son du groupe. On a enregistré quelques nouveaux titres avant la tournée des New Mastersounds et je vais me précipiter pour les mixer dès que je rentre à la maison. C’est vraiment un projet qui me tient à cœur.

Kz : Peux-tu nous parler de votre série de concert avec Lou Donaldson ?

E.R. : Une sacrée expérience ! Mais pour le premier concert c’était horrible... On a rencontré Lou seulement quelques heures avant. On avait été le chercher dans la journée à l’aéroport et on l’avait emmené répéter, mais il n’était pas motivé du tout. L’organisateur de la tournée est un grand fan de soul-jazz, qui a fait des compilations pour BGP et Blue Note. Il voulait absolument que Lou joue ses classiques de l’époque boogaloo. Quand j’ai montré la playlist à Lou, il a dit [imitant la voix usée de Donaldson] « Quoi ? Non, non, pas question que je joue ça ! Je ne me rappelle même plus de ces morceaux ! » Il voulait jouer du jazz classique, des ballades. J’ai été obligé de jouer les patrons et de lui dire qu’il n’avait pas le choix, qu’on devait jouer ces morceaux. Il était vraiment contrarié. Le premier concert a eu lieu à Leeds, en warm up. Lou était complètement fermé, il se demandait pourquoi il avait pris l’avion et ce qu’il faisait là, à jouer des morceaux qu’il ne voulait pas jouer avec une bande de british. Ensuite, on est allé à Brighton, et là il y avait 1200 personnes, entre 18 et 25 ans, qui s’éclataient sur des morceaux qu’ils connaissaient par cœur. Les gens étaient fous. On l’avait prévenu mais il répétait tout le temps « Non, impossible ! 1200 personnes c’est beaucoup trop, ça n’arrivera jamais ! » Il s’attendait à jouer devant 100 personnes dans un petit club de jazz. Dès qu’on a commencé à jouer devant ce public, un sourire est apparu sur son visage et au bout de trois morceaux il était aux anges. Il arrêtait pas de répéter : « Mais, bon sang on m’avait jamais dit que les gens aimaient encore autant cette musique… » Et il s’est excusé de son attitude du premier jour. Tout s’est arrangé et on s’est vraiment éclaté avec lui.
Pour moi c’était vraiment fort parce que c’est lui qui a découvert Grant Green, mon guitariste préféré. Il l’a amené à New York et lui a décroché un contrat chez Blue Note. Alors pouvoir jouer avec Lou et lui donner des ordres… [rires]


Interview d'Eddie Roberts (The New Mastersounds)
Kz : On a parlé de ton projet solo, mais en fait chaque membre du groupe participe à des projets de son côté. Peux-tu nous en dire plus ?

E.R. : Bob et Pete ont un projet qui s’appelait Organ Donor et qu’ils ont renommé Popa Dope. Ils travaillent sur un album depuis longtemps maintenant. J’en entends des bribes quand je suis dans la voiture de l’un ou de l’autre. Mais à chaque fois que j’entends des extraits qui me plaisent et que j’essaie d’en savoir plus, ils font les blasés, disent que ce n’est pas fini et baissent le son… [rires] Ils entourent tout ça de beaucoup de secret, mais quand ça sortira je pense que ce sera un super album. Je les ai vu en concert et c’était vraiment excellent.
Simon participait aux concerts d’Organtronics, mais ils ne jouent pas souvent en live. Il s’occupe surtout du label, du groupe, des tournées. Il n’a pas beaucoup de temps pour participer à d’autres projets.

Kz : A travers ces différents projets ou des collaborations, vous avez tous allé vers des styles très différents, comme toi avec Mr Scruff.

E.R. : Je ne cherche pas vraiment à m’adapter à différents genres de musique. C’est plutôt mon jeu et mon son qui s’intègrent à différents styles. Bien sûr je m’intéresse à toute sortes de musiques, mais surtout parce que j’adore travailler comme producteur. Je peux poser un peu de guitare de temps en temps, mais c’est vraiment le côté composition, arrangements, production qui m’intéresse et m’oriente vers d’autres styles. On ne m’a jamais demandé d’aller jouer avec un groupe d’Indie Rock ! [rires] D’ailleurs je n’y aurai pas ma place…

Kz : Keb Darge et toi avez mis en commun vos talents de producteurs pour un 45t qui vient de sortir chez Our Label. Peux tu nous en parler un peu ?

E.R. : Il y a un an environ, je suis allé voir Keb pour qu’on retravaille ensemble. On se retrouvait très souvent pour des soirées où Keb mixait après nos concerts, mais depuis le premier album, on n’avait plus collaboré pour créer de nouveaux morceaux. J’avais vraiment envie qu’on refasse de la musique ensemble, parce que c’est vraiment un très bon pote. Je suis donc allé aux Etats-Unis avec lui pour qu’on bricole un truc avec un nouveau nom, de nouvelles idées. Les morceaux sont restés dans les tiroirs sans qu’on sache trop quoi en faire, et on a fini par les proposer à DJ Gu qui a accepté de les sortir sur son label.
Je ne suis pas supposé vous dire qui joue sur les morceaux, c’est un secret. Je peux dire que ce ne sont pas les New Mastersounds. Mais peut-être que vous reconnaîtrez le batteur…


Kz : Vous avez créé votre propre label et pourtant vous sortez des morceaux sur des petits labels indépendants comme Soul Cookers ou Our Label Records. Pourquoi et comment ?

E.R. : Les liens avec ces différents labels sont nés par nos tournées dans différents pays. Our Label Records est le label d’un de nos très bons amis, DJ Gu. Il nous a demandé de faire un morceau pour la création de son label et on a dit oui tout de suite. Avec One Note Records, on ne sort les disques qu’en Angleterre et ensuite on les place auprès de labels japonais, américains, français, etc. C’est une meilleure façon de faire, car dans chaque pays, ces labels savent mieux comment distribuer le disque, comment communiquer dessus, à quels DJ l’envoyer, etc. Dans le cas de la France par exemple, les albums des New Mastersounds n’ont pas de distribution correcte, car ça passe encore par One Note Records et c’est difficile à gérer pour une petite structure. La preuve c’est que c’est notre première véritable tournée en France, alors qu’on a déjà joué plusieurs fois en Belgique, où nous avons un distributeur qui nous a bien défendu. Donc ça nous paraît plus efficace de nous appuyer sur des labels locaux.

Kz : Quels sont les futurs projets des New Mastersounds ?

E.R. : Notre album live est d’ores et déjà disponible aux Etats-Unis et au Japon. Il a surtout été produit pour le marché américain, car là bas ils adorent les albums live. Aux Etats-Unis, dans le moindre concert, il y a quatre ou cinq types qui font des enregistrements pirates avec un équipement professionnel. A peine terminé, le concert est disponible en téléchargement sur le net. De façon générale, la scène américaine est un peu bizarre, on a été vraiment surpris la première fois qu’on est allé jouer là bas l’année dernière. Mais on a décidé de sortir un album live pour s’adapter. Au départ on devait utiliser un concert enregistré à Chicago, mais on avait un enregistrement d’un concert à Majorque de meilleure qualité, sur un huit pistes. Et pour le marché américain, ça sonnait plus exotique d’avoir un enregistrement fait en Espagne. [rires]
Par la suite, le label japonais avec lequel on travaille a voulu le sortir également, et on a fait une tournée là-bas pour la sortie. Mais on ne va pas le sortir en Angleterre ou en Europe, parce qu’en Angleterre les gens ne s’intéressent pas vraiment aux albums live.
On est retourné en studio le mois dernier, avant de partir en tournée, et on a enregistré un tiers du prochain album. On fera une nouvelle session en juin et il devrait y avoir un nouvel album disponible vers l’automne.

Kz : En dehors de l’album live, quelle est l’importance des concerts pour le style et la musique du groupe ?

E.R. : Les concerts constituent vraiment l’essence de notre musique. Sans les concerts, il n’y aurait presque plus de raisons de faire de la musique, car on n’aurait pas de rapports avec le public. Sans les concerts la musique deviendrait une chose sans âme. Cela a toujours été important pour nous de rencontrer le public. Parfois tu te demandes pourquoi tu fais ce boulot, parce que ce n’est pas pour l’argent, crois-moi ! [rires] Mais ensuite tu te retrouves devant quelques centaines de personnes qui aiment ce que tu fais, qui rentrent dedans, qui s’éclatent… Là tu sais pourquoi !

Kz : Et le public français, après votre première expérience à Bordeaux et avant Paris ce soir ?

E.R. : Le concert à Bordeaux était super et le public était génial. En plus toute l’équipe s’est super bien occupé de nous, on a profité du bon vin, etc. C’était la belle vie. On est impatient de voir ce que donnera le concert de ce soir à Paris.

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LIENS

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ALBUMS

2006 102% détails / One Note Records & P-Vine
2006 Live at the Cova détails / One Note Records
2005 Eddie Roberts - Roughneck lire la chronique / One Note Records (leader du groupe)
2005 This is what we do détails / One Note Records
2005 Give me a minute pt. 1&2 lire (45 tours) / Our label
2003 Be Yourself / One Note Records
2001 Keb Darge Presents - The New Mastersounds / Deep Funk Records

Pour le détail de la discographie comprenant les 45 tours sortis je vous invite à consulter le site du groupe ici

INTERVIEW

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