Disquaire indépendant depuis 1996 situé au 40, rue des fontaines, 60600 Clermont de l'oise

Candi STATON -  L'Alhambra - 17 / 04 /  2009
Il est bientôt 11 h du matin, une pluie fine vient déssoiffer la rue des Fontaines ; les clients se feront rares ce matin, et c’est tant mieux, je suis encore dans un semi brouillard, les cheveux en bataille, et je n’ai pas encore osé croiser de miroir..

J’ai remis cette même face pour la troisième fois, une compilation blues réunissant quelques uns des plus grands noms , dont Sonny Terry, Broonie McGhee : chansons de loosers criant leurs cœurs brisés avec indolence…

J’adore cet état léthargique ou tout se passe comme en surface, ou rien ne semble pouvoir troubler ma langueur, et c’est très bien comme ça. J’avoue ma chance une nouvelle fois de n’avoir de comptes à rendre à personne .

De toutes les joies découlant de l’indépendance professionnelle, c’est une de celle que j’affectionne le plus .Et curieusement, les quelques clients semblent même apprécier cette distance qui leur permet pour une fois d’aller d’un bac à l’autre sans que j’interfère..

Car j’y pensais , comme ça, ce matin…Revenir d’une soirée aussi mémorable, et se réveiller avec un emploi du temps en complet décalage… .Le truc qui vous fait revenir vite fait bien fait à la réalité sans que l’on y prête attention, et qui vous fait oublier un peu prématurément qu’il existe des grands moments, qu’il est très important de soigner ces oreilles et son âme, que les prétextes aussi multiples que bénins vous ferait manquer le genre d’évènements auxquels nous avons assisté hier soir, et s’eut été un réel crime, le genre que l’on signe de sa propre main .




Comme me disait Eric il y a 5 mn, ce fut un privilège en fait d’être arrivés en retard : rien n’eut été plus laid effectivement que de se retrouver assis sur ces sièges inconfortables, en compagnie de ces gens statiques qui se seraient offensés de nos moindres écarts , du moindre enthousiasme…
C’est donc une nouvelle fois ce destin magique qui nous aura fait poireauté une heure dans ces bouchons pour que nous arrivions pile-poils au tout début du show..

Constatant que debout nous n’aurions rien pu voir du spectacle de là ou nous étions, nous tentons notre chance en montant à l’étage. Là , une bande de quatre types on l’air de mesurer l’importance du show, et gesticulent allègrement, dansant imperturbablement en criant, tapant dans leurs mains, vociférant des odes à la soul, sans prêter quelconques attention aux gentils spectateurs assis autour qui semblais assister à un autre concert.


Il faut former une bulle autour de soi, et se dire que rien n’est plus important que de danser, s’amuser jusqu’à la lie sans inhibitions aucunes, et tant pis pour ceux qui rouspètent derrière en nous priant de nous écarter de leur champ de vision…

Le show démarre avec un funk lent énorme, ne me demandez pas le titre, je n’étais qu’à moitié là, et je n’avais rien pour noter..Le début de ce concert donne instinctivement le ton
d’une soul appliquée et interprétée magistralement par Candi.

C’est simple, elle rayonne, c’est le mot. Il irradie quelque chose de rassurant chez cette femme, elle vous emmène sur un bateau qui aurait parcouru les sept mers depuis des années , et dont la coque semble aussi neuve qu’au premier jour. Des voiles solidement attachées, un jeune équipage maitrisant les caprices des vents contraires .


Celles et ceux qui partagent la même passion que moi sauront de quoi je parle quand je dis qu’il est rare d’assister à un concert qui va au-delà de nos espérances

Les musiciens jubilent vraiment d’accompagner cette chanteuse qui nous revient avec encore plus d’éclat que la dernière fois.

Elle enchaine ces chansons avec une aisance consternante, une voix dotée d’un grain unique, présent, indéfectible.

Mon ami semble défaillir quand les musiciens entament l’intro de « I’m too hurt to cry » , qu’elle n’avait pas interprété la fois dernière, tout est là, les cuivres bien en place, rassurants et fidèles à notre attente. Sa voix légèrement cassée est sublime, comme on le pressentais…

Le titre se termine sur un long break instrumental saisissant, devenant l’intro de la chanson suivante…Du caviar, un ravissement authentique.

Le public assis semble ignorer la liesse qui s’empare de quelques groupes, mais on ne peut résister longtemps ainsi. Ils succomberont en quelques minutes après que Candi les invite enfin à se lever pour ne former qu’un tout avec son public : signal qui nous poussera à descendre pour nous fondre, et danser avec un public enfin libéré.

Le funk agit dès lors comme un sérum bienfaiteur, déclenchant des pas que certains n’avaient pas esquissé depuis longtemps, une foule enfin unie et consciente maintenant du moment exceptionel.

La température ne cesse de monter, et gagne l’ensemble de la salle. Les refrains aux délicats accents disco-funk seront repris à tue-tête, c’est une rivière de tubes qui inonde définitivement les spectateurs.


Les deux choristes ont éclaté de tout leur talent tout le long de la soirée d’une justesse parfaite, une brillante harmonie jusqu’aux dernières notes de cette chanson « Alleluia anyway » qui cloturera le concert d’une façon que je n’aurait pas rêver, absolument incroyable…

Notre insistance paiera une première fois en ramenant le groupe sur scène pour le seul rappel…


Il faudra plusieurs minutes après la fin du concert avant de remettre pieds à terre, tant les vibrations sont encore présentes en nous, et prêtes à redémarrer au moindre son…



Je rencontre l’un des choristes à l’exterieur, heureux d’apprendre que le tourneur a été évidement conquit, et qu’il serait fortement question qu’ils reviennent bientôt en France lors d’un festival cet été.

Je suis fin prêt à rouler des centaines de kilomètres pour revivre ça, et je pense que je n’irais pas seul..


Nous ignorions encore que la soirée ne pouvait mieux se terminer quand on décida de jouer les prolongations au Bizzart tout proche : se retrouver à danser sur Advance, Sugarhill Gang, Slave, avec les musiciens de Candi Staton qui avaient eu eux aussi la bonne idée de continuer la soirée au même endroit…Que du bonheur…

Rédigé par Michel Guinand le Jeudi 25 Mars 2010 à 09:50 | 0 commentaire Notez | 0 commentaire


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